Je vous écris, à chaud, pour rendre compte de ce qui se passe en moi après l'appel téléphonique de mon père, à propos de chatons et de leur maman qu'il a trouvés sur son balcon il y a un peu plus de deux mois de cela. En effet, la chatte a choisi d'y mettre bas… et mon père a accepté de leur offrir un espace extérieur quelque temps… tout en prenant la décision de tous les donner une fois le sevrage effectué… quitte à les séparer et à interférer dans leur "libre arbitre".
Ma soeur, de son côté, s'est beaucoup investie pour le "bien-être" des chats (ce qu'elle pensait être bien pour eux) : achat de litière, croquettes, boîtes, jouets… et recherche de familles d'accueil pour chacun d'entre eux.
Le jour J est arrivé hier soir : un des petits est allé rejoindre une nouvelle famille… et depuis, sa mère le cherche désespérément…
Je suis bouleversée d'apprendre que la maman n'a même pas été confrontée au départ de son bébé… ce dernier lui ayant été retiré "en douce".
Mon père, devant ma consternation, se trouve mille excuses pour justifier cette attitude et utilise des raisonnements qui le rassurent, lui.
En tant que maman, une part de moi est déchirée, étant connectée au coeur de cette chatte désorientée par la disparition soudaine de son petit.
Effet miroir bien sûr, bien que je ne sois pas dans cette situation-là.
Je conscientise encore un peu plus le fait que croyant bien faire, bien agir pour autrui, nous nous rendons Maître et Bourreau de l'Autre qui ne demande rien. D'autant plus facilement avec les animaux dits "domestiques" que nous pensons dépendants de nous.
J'ai moi-même une chatte que j'ai recueillie il y a 4 ans, que j'ai enlevée à sa mère tout en lui promettant d'être sa nouvelle maman et de bien m'occuper d'elle. Ce que je fais chaque jour et elle semble heureuse. Elle a accès à un extérieur de verdure jouxtant l'immeuble, rentre et sort quand elle veut, mange à sa faim, est… Libre.
Pourtant au début, j'avais une peur bleue qu'on me l'enlève ou qu'elle se fasse écraser par une voiture car elle ne connaissait rien des dangers… Elle-même un jour a fui et est passée par une mini ouverture d'une fenêtre pour prendre son envol (après relecture, je réalise que je nous enfermais toutes les deux…).
Ca a été très dur pour moi car elle a disparu pendant 3/4 jours… et évidemment, je m'étais fait tous les scénarios possibles et imaginables.
J'ai dû lâcher prise et me faire une raison à ce moment-là. Je n'avais pas le pouvoir sur elle et elle avait choisi consciemment de partir. Je ne pouvais rien et acceptais que je ne devais pas interférer davantage.
Puis, elle est réapparue. Mon travail sur l'attachement et quelques prises de conscience durant son absence m'ont amenée à lui laisser sa liberté de se mouvoir de partir si bon lui semblait.
Depuis, elle part, revient, Libre de circuler. Libre de quitter… Libre de rentrer…
Alors même si depuis ces années ma conscience a évolué et me rend compte de ma prédation de départ (avoir un animal de compagnie), malgré toutes mes bonnes intentions (et excuses !), je remarque que je suis au clair maintenant avec ce qui se joue : "Mon" chat ne m'appartient pas et m'accompagne juste dans ma vie actuelle.
J'ai fait le choix au départ de m'occuper d'elle, d'en être responsable… elle s'est échappée ; elle est revenue et m'a fait changer, évoluer. Donc, quelque part, je ne condamne plus mon attitude "SDS" du début puisque grâce à cela, j'ai pu percevoir des schémas contrôlants et dysfonctionnants en moi.
Merci pour la leçon. Alors mon interrogation…
Devons-nous à tout prix refuser le mode SDS sous prétexte d'ouverture au mode SDA ? ou plutôt, savons-nous que nous sommes bien dans la démarche SDA que lorsque nous pardonnons à nos parts SDS, comprenant ainsi leur utilité, leur(s) enseignement(s) … et finalement leur raison d'être : nous guider dans la vraie relation à Autrui, saine et responsable, sans interférence aucune avec son libre-arbitre. (Après relecture, je réponds à la question que je ne pose même pas^^)
En chemin SDA, ce n'est pourtant pas pour cela que je me séparerai du jour au lendemain de mon chat et que je fermerai les fenêtres cette fois-ci pour l'empêcher d'entrer (un enfermement de plus !) mais cheminerai avec elle tant que nos voies seront conjointes.
Se pardonner… pardonner à notre part prédatrice. Réaliser qu'elle est là pour faire émerger en Nous le meilleur, si toutefois nous acceptons de nous remettre en question… toujours (plus).
J'en reviens aux chatons et à leur maman et constate que j'ai dévié, ayant écrit d'une traite ce qui me traversait. La voix/e du Coeur… ininterrompue par les interférences de l'égo. Voix/e du Coeur. Ou l'Ange, En-je… qui éclaire et met en lumière la part sombre.
Qu'en conclure ? Pourquoi cela me chagrine… chagrinait autant ?…
… Je constate en cet instant que je suis moins touchée qu'après l'appel de mon père et le début de l'écriture de ce récit. Quelque chose a émergé, plus profond que la simple situation qui n'était que prétexte à mettre en lumière cette question fondamentale du Libre-arbitre.
Lorsque l'on s'extrait de la dualité (bien/pas bien) et que l'on prend de la hauteur, une réponse plus vaste émerge des profondeurs et un nouveau paysage se dessine, à l'horizon plus dégagé.
Après relecture, je trouve fascinant de voir à quel point on a tout à disposition pour travailler à notre Libération.
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