Extrait de nos échanges avec Galline (publié avec son accord et son conseil)
Depuis que nous échangeons j'ai les pleurs tout le temps au bord des yeux.
Il y a peu de temps je culpabilisais (encore!!) énormément de mon incapacité à pleurer.
A 14 ans j'ai perdu mon père qui s'est suicidé. Ce fut un choc terrible !
Cet homme que je craignais plus que tout étant enfant et qui m'avais tant fait souffrir venait de nous quitter.
Mes parents étaient divorcés depuis peu et entretenaient des liens d'amitié; cette situation était donc plutôt sereine. Je commençais à prendre mon envol, loin du regard terrifiant de ce père tyrannique et là... il avait choisi de nous abandonner.
En internat à Metz, je ne rentrais que le weekend. Ce samedi là lorsque ma mère m'a annoncé la nouvelle il était non seulement mort mais enterré.
Circulez y a rien voir !!
Le lundi je retournais au pensionnat comme si de rien n'était.
Ma petite sœur ne s'en ai jamais remise car ils avaient tous deux une relation fusionnelle. D'ailleurs je la détestais car elle avait le droit d'être elle même alors que moi je devais être parfaite. Le moindre "pet de travers" déclenchait chez mon paternel un déferlement de... je ne sais quoi se traduisant par des mots très rudes ou de la violence physique.
Cette mort aura au moins eu le mérite de nous rapprocher elle et moi.
Donc j'ai pleuré, pleuré, pleuré seule dans ma chambre mais déjà cela m'était impossible devant les autres personnes car cette violence avait bloqué ces flux naturels en moi.
Je savais que ma mère ne serait pas un rempart étant elle même très gamine et pas vraiment maternelle.
Je passe les détails de la suite : décrochage scolaire, errements etc..
Puis j'ai rencontré JP. Nous nous sommes mariés; j'étais enceinte !! Lui aussi était violent. Et, comme toute femme maltraitée j'ai culpabilisé en pensant que c'était de ma faute.
Alors là encore, j'ai pleuré, pleuré, seule dans ma chambre et surtout pas trop fort pour ne pas re déclencher les coups.
2ème blocage..
Lorsque je l'ai quitté, il a tout fait pour avoir la garde de Sébastien. Non que son fils l'intéressait; c'était juste pour me faire du mal.
J'étais encore sous le coup du choc de l'abandon paternel puisque je n'avais pas pu faire mon deuil et bien que révoltée, au fond de moi j'étais persuadée d'être coupable.
J'ai plongé dans les paradis artificiels, drogues dures et douces, alcool etc...
Je m'en suis sortie mais les pleurs étaient bien à l'abri des murs épais que j’avais construit autour de mon cœur pour me protéger.
J'ai attiré toute ma vie des hommes violents; certes, je réussissais à éviter les violences physiques mais cette violence là se traduisait différemment.
Le cercle infernal s'est ainsi mis en place :
"plus tu me maltraites, plus je te montre que je suis forte et plus je me blinde"
De coups en coups je me suis tellement blindée qu'au fur et à mesure des années je ne pleurais plus du tout.
J'avais même une sorte de mépris pour ces gens qui pleurent facilement...
Presque toute une vie à se blinder !!
Puis, est apparu le Réseau Léo.
Et là, re culpabilité parce que :
"toi, Armelle, tu n'arrives pas pleurer."
Cette soi disant force m'empêchait d'atteindre un bien précieux enfoui en moi.
J'avais compris grâce à une longue psychothérapie que je portais en moi une peine énorme et une tristesse abyssale.
Mais comment abattre ces murs de protection qui m'handicapaient à présent ?
Ce fut un long chemin (qui n'est pas fini)...
Encore un processus !!
Depuis très très peu de temps enfin je pleure..
J'ai encore un peu peur de lâcher car j'ai la sensation que si j'ouvre vraiment les vannes je ne pourrais plus jamais m'arrêter.
Mais... quelle libération !
Car, en même temps que ces larmes, la tristesse me quitte mais aussi cette colère énorme que je portais comme un fardeau..
Nos partages (avec Galline) me touchent au plus profond de mon cœur et me permettent de lâcher tant de choses en pleurant.
Merci à toi
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Layla (jeudi, 03 janvier 2019 12:57)
Armelle,
Une fois de plus, je suis surprise de trouver des résonances dans les témoignages du réseau Léo. Une nouvelle fois, la même leçon qui me dit que ce que je pense n'est pas ce qui est. Que je ne sais pas et que je dois apprendre. Apprendre lorsque j'ai envie de fuir une situation, un contexte et apprendre lorsque JE PENSE que ce n'est pas la peine de lire, de comprendre, d'écrire, de s'y attarder.
Donc merci. Je partage-ais aussi des expériences de violence, de consommation de drogues qui signifiait fuite et soulagement de la douleur et de honte de pleurer devant d'autres personnes.
Sur les vidéos partages, tu apparais (aussi) avec beaucoup d'énergie, quelqu'un que l'on aurait envie de suivre, qui rassemble, drôle et forte.
Bonne suite à toi.
Geronimi pascale (mercredi, 23 mars 2022 21:40)
Que dire Armelle après ces mots écrits il y a 4 ans déjà et qui
m’ont bouleversée à un point inimaginable.....pour une pleureuse comme moi qui peut libérer l’émotionnel lié aux souffrances initiées par tous mes programmes matriciels, je n’ose imaginer le tourment qui a dû être le tien durant toutes ces années où cette cuirasse que tu croyais protectrice n’avait fait que renforcer la détresse de ton être profond. Quel courage a été le tien d’aller contacter ce tsunami de souffrances et de sortir du déni de celui -ci... je ne sais où t’as conduite cette ouverture de conscience mais je t’espère en bonne compagnie avec toi même