Du fait que Pascal a bien entendu mes mémoires de "Victime" ça m'interpelle.
C'est venu résonner dans ma bulle de perception.
Il y a bien longtemps que je suis consciente de mon rôle de "Sauveur" mais le rôle de "Victime " je ne m'y suis jamais vraiment intéressée.
Jusqu'à maintenant, c'était juste une constatation et puis des petits arrangements avec moi même et aussi parfois un peu de dérision là-dessus lorsque je racontais mes histoires, tout ça me permettait de passer à autre chose.
Évidemment parfois la dose a été plus forte, voir insupportable, voir extrêmement douloureuse mais comme je vis avec tout ça depuis ma plus tendre enfance, je n'avais même pas imaginé que l'on pouvait vivre autrement.
Il me faut aller fouiller ce passé pour comprendre mon histoire et repérer des indices de "Victime" moi je vois surtout des indices de "sauveur".
Si vous avez des idées, je suis preneuse ! D'avance merci.
Lorsque je suis née ma mère avait 18 ans, elle avait déjà un enfant, mon frère aîné de 2 ans. Nous vivions chez mes grands parents. Deux années plus tard elle rencontre un autre homme qui va nous reconnaître moi et mon frère (je ne connais pas mon géniteur et ne vais jamais rien demander à ma mère pour ne pas la gêner).
Il va lui faire un autre enfant. Elle a 20 ans, 3 enfants et le couple ne va pas bien, elle divorce.
Nous vivons très modestement chez mes grands parents.
Lorsque j'ai eu 6 ans nous avons été placé dans un orphelinat mon grand frère et moi. Mon petit frère trop jeune, nous rejoindra une année plus tard.
Ce fut pour moi un déchirement, je m'en souviens encore.
Je hurlais, me débattais, ils leur étaient impossible de me déshabiller (ma mère attendait les vêtements pour repartir) je vais garder mes chaussettes rayées plusieurs jours.
Je dû enfilé la tenue obligatoire, nous étions tous habillés pareil.
Nous allions à l'école dans la ville et étions mêlés à d'autres enfants. Nous étions reconnaissable avec notre uniforme.
J'ai très mal vécu ces 6 années d'enfermement et très vite je vais me rebeller.
Je vais refuser tout ce qui pourrait améliorer mon quotidien.
Notamment l'orange exceptionnelle, distribuée à Noël et puis aussi les sorties dans les familles de la ville.
Je préfère rester seule à pleurer.
Toutes ces années à pleurer ma mère, je vais aussi gâcher toutes les sorties avec elle (1 fois par mois) puisque je pleure de plus belle dès que je la vois.
Dès mes 12 ans ma mère se remarie et nous sortons de l'orphelinat.
Elle est enceinte et je suis ravie de pouponner.
Je vais avoir 2 demi sœur, cette nouvelle vie est difficile aussi, ce beau père est alcoolique.
À 17 ans je quitte en pleurant ce foyer pour venir travailler à Paris.
Je prends une chambre d'hôtel et démarre une mission en intérim de suite.
Pas de soucis de ce côté là, il y a du travail.
Voilà, c'était mon enfance.
J'ai 26 ans, je vais me marier et faire un enfant, ma fille chérie.
Je ne sais pas si je suis heureuse. Comme c'est une question que je me pose pas, il faut croire que non.
J'ai épousé cet homme parce qu'il était gentil, mais je ne suis pas amoureuse.
Lorsque j'ai découvert qu'il avait une liaison, c'était sans surprise, j'en comprenais les raisons.
Nous partagions le même lit mais il n'y avait pas les relations intimes.
Je n'avais pas de désir et pas envie de mentir, ni envie de faire semblant.
J'étais bien consciente des risques.
Je vais donc demander le divorce.
Pendant cette période de divorce, il va me proposer de rester dans la maison jusqu'à ce que mon futur appartement soit terminé, je l'ai acheté sur plan.
Pas de problème nous sommes copains. Lui voit sa Belle le week-end et moi mon amoureux. Oui, je suis amoureuse et c'est la première fois !
Mais quel amour ! Je vais en baver. Que de larmes encore !
Après une rupture de ma part, ras de bol d'avoir mal ; Il me promets que c'est fini, qu'il a bien réfléchi et qu'il n'y aura plus de crise de sa part.
À l'époque nous travaillions dans le même labo et sur la même table à dessin, j'étais sensée lui donner un coup de main sur un projet.
Pas facile, lorsqu'une belle "love bite" est a l'œuvre.
Alors je vais me marier pour la 2 ème fois et faire un enfant, mon fils.
J'en bave ! Je suis asthmatique. Beaucoup de crises, toutes les nuits et puis le jour aussi. Alors est-ce je suis heureuse? La question n'est pas à l'ordre du jour. Je survis.
J'ai épousé les mêmes types d'hommes, des enfants que je vais materner, je n'ai rien vu venir évidemment, ils étaient tellement différents en apparence.
Le premier très bohème, musicien.
Le second très bon bricoleur, perfectionniste et moi comme j'aime le travail bien fait, je suis en admiration !
Nous allons former une bonne équipe, nous tuants au boulot tous les week-ends.
Vieille maison à restaurer et à agrandir.
Dix ans plus tard lorsque mon couple va éclater, nous sommes toujours en travaux, pas de salle de bain. Nous vivons à quatre dans 50 mètres carré.
Je n'en peux plus ! Et toujours ces crises d'asthme.
(À l'âge de mes 20 ans j'exprimais le désir de faire une thérapie, je me posais beaucoup de questions et espérais des réponses).
Alors à la quarantaine, je suis allée voir un psychiatre, je voulais savoir pourquoi je faisais de l'asthme. Je n'en avais aucune idée.
La thérapie analytique va durer 8 ans et se terminer par une prise de conscience que je dois quitter cet homme qui me pompe toute mon énergie.
2ème divorce.
Mon mari me dit que je suis folle, que je vais en baver. Alors c'est vrai, il avait raison, je vais en baver, pécuniairement c'est dur, la boutique n'est pas rentable.
Mais voilà "décide ou décède !"
Ma première nuit dans ce nouvel appartement, seule avec mon fils. Je ne vais pas avoir de crises d'asthme ; Ces crises d'asthme que j'ai eu pendant 20 ans.
Aujourd'hui, 24 ans après ce deuxième divorce, je n'en ai jamais refait.
Alors, pourquoi materner ces deux maris, j'ai finis par comprendre que c'était une répétition.
Je ne savais pas être autrement, j'ai continué ce que je savais faire.
Et puis j'avais peu de références, les hommes je n'y comprenais rien.
Alors avec des hommes immatures, j'étais aux commandes.
A 12 ans, lorsque je suis revenue vivre chez ma mère, ma relation avec elle était compliquée.
Elle était toujours dans la plainte, à me répéter sans cesse des "à cause de vous" et que, "j'avais bien eu de la chance, qu'elle aurait pu nous abandonner".
Elle avait ce discours uniquement avec moi, jamais avec mes frères.
Alors je vais tout mettre en œuvre pour la sauver, la pauvre ayant en plus épousé un homme alcoolique pour nous sortir de l'orphelinat.
Les rôles sont inversés, elle devient la petite fille à sauver. Je vais prendre ce rôle très à cœur.
Je vais me vider énergiquement et pécuniairement. Je n'en vois pas le bout.
Je vais dire à mon spy "j'ai tout fait" pour elle et lui de me reprendre ce mot "j'étouff ai"
Je vais sans cesse accourir à toutes ces plaintes et faire en sorte de lui apporter un peu de bonheur.
Pendant mes deux périodes de vie de couple, je vais l'imposer à mes deux maris.
Nous allons l'emmener systématiquement avec nous, en vacances d'hiver et aussi en vacances d'été.
Je vais découvrir que toute cette culpabilité que je ressens envers ma mère me pompe énormément.
Alors je coupe ce lien d'attachement avec elle, ça se passe mal, elle ne comprend pas.
Une de mes petites sœurs m'appelle pour me dire que "je suis méchante, je fais pleurer maman".
A elle, je vais lui répondre, très en colère (c'est la première fois que je dis quelque chose et surtout que je me mets en colère, d'où mes crises d'asthme)" qu'elles me font toutes les deux, chier !"
Hou là là, je suis vraiment très en colère, je viens de donner un coup de poing et casser le Plexi de la boite de savonnettes posée sur le comptoir. Je suis à la boutique.
Je vais me retrouver seule, couper de mes frères et sœurs puisqu'ils ont pris le parti de notre pauvre mère.
Cela fait maintenant 26 ans, depuis elle est décédée, il y a environ 10 ans. Je ne l'ai jamais revu. Interdite d'aller à son enterrement, elle avait donné l'information avant de mourir.
Une répétition dans la famille.
Ma mère était fâchée avec sa mère donc ma grand mère avec qui j'avais une excellente relation.
Lorsque ma grand mère est décédée, ma mère a été prévenu par ses frères huit jours après l'enterrement.
Je reviens vers ma fille.
Il y a eu la maladie de son père, il n'avait rien dit, il continuait ses procédures. Il voulait la garde de sa fille.
Lorsque j'ai cédé, je n'en pouvais plus de me débattre, elle avait 15 ans.
Lui allait mourir un an plus tard, du sida.
Il n'a jamais nommé sa maladie, je l'ai su avec le nom des médicaments. Je lui ai dit que je savais, que c'était comme il voulait, on pouvait en parler ou pas.
J'ai respecté son choix, il est mort sans en avoir parlé.
Il me fallait informer ma fille, elle vivait seule avec lui.
Son épouse était malade aussi, elle l'avait quitté.
Alors je suis retournée dans cette maison que j'avais laissé 10 ans auparavant. Pour lui apporté mon aide et soutenir ma fille.
Période difficile, beaucoup de crises d'asthme, heureusement que j'étais en thérapie.
Et puis il y a eu encore des crises avec ma fille, douloureuses. Plusieurs années sans se voir.
Aujourd'hui je vais la voir, pas trop souvent, pas trop longtemps et je n'y vais plus pour garder les petits.
Elle a 41 ans, un peu débordée comme toutes les mamans qui travaillent.
Un mari, trois enfants, des responsabilités au travail et puis la maison.
Alors on s'appelle ou pas. Pas d'obligation. Sinon les échanges sont bons, je lui parle du Réseau Léo, elle est à l'écoute.
Mon fils (heureusement que je n'ai eu que deux enfants !)
Sa scolarité à été difficile, en échec scolaire dès les premières classes.
Un divorce difficile à vivre pour son père puisque une fois de plus c'est moi qui le demandait.
Il a très vite refait sa vie et a eu deux autres enfants.
Il s'était désintéressé de son fils en expliquant qu'il attendait de meilleurs résultats scolaires pour lui porter de l'intérêt.
C'était un enfant sensible, calme, bienveillant avec moi.
Si il n'y avait pas eu ces problèmes de scolarité, la vie avec lui était agréable.
A 16 ans il a rejoint les Compagnons du Devoir pour apprendre un métier.
C'était son choix. Une école difficile, exigeante.
De 17 à 20 ans je l'avais toujours vu avec des filles, plutôt jolies étant lui même un beau garçon.
Et puis à l'âge de 20 ans, il y a eu cette tentative de suicide par pendaison.
3 semaines d'hôpital psychiatrique et un retour chez moi, son père l'ayant mis à la porte.
Pendant une année environ, il sort le week-end mais ne va jamais me présenter sa copine. C'est nouveau, avant il partageait volontiers.
Il va finir par m'expliquer que cette copine qu'il voit tous les week-endroit est en fait un garçon. Le choc pour moi, je n'avais rien vu.
Aujourd'hui ça va bien, il a 31 ans. Travaille beaucoup, des chantiers intéressants. Ça roule, comme on dit.
Il vit depuis 10 ans avec ce garçon qui a l'âge de son père. Il s'épanouit bien.
Demain je fais un À/R à Bordeaux, je suis invitée chez eux pour Noël. Je serais avec des garçons, ils seront cinq.
Normalement pas de "love bite" en vue. Je devrais être tranquille.
C'était pour un petit clin d'œil pour Hélène.
Aujourd'hui à 67 ans je suis encore enquiquinée par des hommes de 80 et 90 ans.
J'ai l'impression que ce n'est jamais fini.
Enfin je ne vais pas me plaindre, il n'y a aucun problème si je suis alignée.
Je reviens sur ce pourquoi, je suis sur "le Réseau Léo".
J'ai sûrement des mémoires de "Victime" puisqu'il m'arrive des histoires, des agressions. Voir Question 135 et Témoignage 385.
C'est un peu compliqué pour moi d'y voir clair.
Il y a une semaine environ, ma fille m'envoie une vidéo.
Voir "TAMBORES ALEGRIA MURET"
Depuis environ un an, elle joue du tambour. Ma petite fille joue aussi, elle a rejoint le groupe depuis quelques mois.
En écoutant j'ai été bouleversée, j'avais l'impression d'aller au le bûcher.
Je n'en sais pas plus.
Mon premier mari, donc son père jouait de la batterie. Ça m'impressionnait mais je n'étais pas bouleversée comme avec ces roulements de tambours.
Bien à vous tous.
Yannick
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