Ch.10 Shrinks and rebels or being fifteen is an awkward state (Toubibs et rebels ou avoir quinze ans est un état embarrassant)
L’année où Laura entra en classe de 4ème, de nombreuses rumeurs circulaient dans son collège concernant les ‘aliens’ et les soucoupes volantes. Ces derniers devinrent les sujets de discussion principaux entre les élèves. Ce résumé relate ainsi certains évènements notamment paranormaux, qui apparurent entre les 14 et 18 ans de Laura. Voici ce qu’il s’en suit :
Il existait un homme du nom de John Reeves(1) qui prétendait avoir été visité par des êtres venus d’ailleurs ayant atterri dans une forêt, juste derrière sa maison. Par après, il avait construit une maquette en taille réelle de l’OVNI qu’il avait vu. Les gamins du village, plus qu’intrigués par ces phénomènes extraordinaires, se lançaient alors chacun au défi d’aller discuter avec ce monsieur considéré comme étant fou. Puis une rumeur avait circulé dans l’école de Laura, racontant que des extraterrestres envahiraient massivement la Terre pour enlever les enfants de 12 à 18 ans. Soulagée que cette invasion ne se concrétise pas réellement, Laura observait tout de même chaque soir le ciel de la fenêtre de sa chambre, essayant de repérer une lumière qui se déplacerait d’une façon anormale.
Laura raconte également un phénomène marquant qu’une de ses amies expérimenta vers la même période :
« [Mon amie] était dans la voiture avec sa mère qui conduisait ; elles ramenaient une de ses copines chez elle […] Plus loin, sur le bord de la route, deux enfants apparurent et firent un signe en direction de la voiture. Alors qu’elles s'approchaient [vers les enfants], elles virent aussi une lumière vive dans les bois, [quelques mètres plus loin].
Sa mère demanda [alors] d'un air contrarié : "Qu'est-ce que ces gamins font dehors, la nuit, sur cette route ?!" (C'était une route isolée faite de pierres en calcaire, qui traversait les bois). [Lorsque sa mère] se mit à ralentir, mon amie m’expliqua qu'elle paniqua soudainement et se mit à pleurer, puis la supplia de ne pas s'arrêter. Quand elle me raconta cette partie de son souvenir, elle éclata en sanglots et ne put continuer.
Je lui demandai ensuite : "Alors, que s'est-il passé ?" Elle ne pouvait que secouer la tête et dire : "Je ne sais pas, je ne sais pas. Je sais juste qu'à chaque fois que j'y pense, j'ai peur et je me mets à pleurer." Plus tard, elle ne voulut [même] plus en parler. Vraiment étrange… »
Puis vers l’âge de 14 ans, Laura remarqua plusieurs fois qu’elle avait été ‘déplacé’ dans son sommeil. Elle se réveillait sans savoir qui elle était, ni où elle était, se cognant contre tout ce qu’il y avait autour d’elle. Dans ces moments, elle notait aussi une sensation de panique comme si elle devait trouver quelqu’un, mais elle ne savait pas qui ! C’était désorientant, pour ne pas dire plus ! Laura en parla à sa mère qui lui rétorqua que tout ceci était stupide – que son imagination lui jouait des tours. Et comme la personne en qui elle avait confiance les yeux fermés – son frère Tom, était alors obnubilé par les filles et les voitures, il n’y avait personne à qui elle pouvait en parler.
En outre, Laura faisait des cauchemars récurrents d’une autre vie dans laquelle le ‘Mal’ avait atteint son paroxysme. Dans ses songes inquiétants, il y avait des paysages ravagés par une violence sanglante, des cieux remplis de destruction, des corps baignant dans des mares de sang ainsi que des serpents partout. Enfin, dans ces visions apocalyptiques, Laura se trouvait toujours dans un petit bateau dans lequel elle ramait pour trouver un endroit de repos où elle serait saine et sauve : « une Arche de sécurité ».
Avec le temps, au plus Laura grandissait et au moins elle se sentait à sa place ; elle éprouvait une impression d’être « hors du temps – hors de l’espace et du cadre, à l’école aussi bien qu’à la maison ».
Un jour, alors qu’elle était en salle de classe plongée dans un livre sur l’histoire médiévale, une brosse à effacer le tableau lui vola au-dessus de la tête. Son professeur la réprimanda d’avoir l’esprit ailleurs et de ne pas être attentive à son cours. Et en effet, elle n’en pouvait plus de devoir écouter des leçons sur des sujets qu’elle connaissait déjà, s’y étant naturellement intéressée d’elle-même ! « Les vraies questions de la vie attendaient d'être résolues, et il existait tant d'indices à suivre, que je sentais que je n'avais pas de temps à consacrer au cycle de la vie d'une grenouille [!] »
Elle raconte :
« Toute l’histoire qui s’accumulait dans ma tête ressemblait à la biographie du Diable. L’Humanité était impuissante contre les catastrophes cosmiques, les assauts militaires, l’injustice sociale, les malheurs personnels et familiaux, et une multitude d'autres agressions en lutte avec [‘l'Existence’], bien trop nombreuses pour être [toutes] énumérées. […]
En contemplant les faits de l'Histoire, je fus confronté à une terrible réalité, forcée de constater que les êtres humains sont sous l'emprise d'une existence [dans laquelle ils] ne se soucient pas vraiment de la douleur, [ni du mal] ou de la souffrance. Je pourrais écrire jusqu'à [ma mort], utiliser des océans d'encre et des forêts de papier, et ne jamais [parvenir à] exprimer pleinement la douleur et la terreur que j'ai pu ressentir face à la réalité du [‘Mal’]. Pour moi, c'était personnel. Pour moi, c’était lié au Visage à la Fenêtre(2)… »
Mais la magie opéra ! : Tom dénicha un boulot d’étudiant où il jardinait pour un vieux monsieur qui, lorsque ce dernier rencontra Laura, comprit rapidement qu’elle était une lectrice passionnée. Cet homme possédait une gigantesque bibliothèque privée contenant de rares et vieux livres précieux qu’il avait hérités de sa mère, elle-même captivée par l’occultisme de son vivant. Il laissait Laura venir chez lui quand elle le souhaitait pour qu’elle puisse se plonger dans les recherches qui la portaient.
Elle avait alors accès à des ouvrages rédigés par les personnes influentes de la ‘Société Britannique pour la Recherche Psychique(3), des archives et analyses traitant sur le thème de l’occulte, des livres concernant les pratiques magiques autour du monde ainsi que des cas historiques de poltergeist. Mais aussi d’autres manuels d’études médiumniques, de vieilles photographies ectoplasmiques, des cas de psychokinésie, de télépathie et de clairvoyance…
Au cours de ses recherches, appuyées par les connaissances scientifiques des exposés ésotériques qu’elle avait à sa disposition, elle réalisa que les miracles relatés dans la Bible pouvaient être représentatifs d’exorcismes démoniaques. « Je dois admettre qu’il n’y avait qu’une infime différence avec ce qu’un groupe d’individus décidaient de croire, [et la vraie information] » disait-elle.
Tous ces documents comportaient des sections référencées et annotées avec des termes savants. Ces écrits participèrent enfin à l’épanouissement de Laura et sa soif d’information tangible, pour lier le visible et ses perceptions de l’invisible – comprendre le phénomène du fameux ‘Visage à la Fenêtre’ qui l’avait tant marqué dans son enfance !
Et ces informations participèrent également à la déconstruction de ses croyances en la religion judéo-chrétienne ! C’est ainsi qu’elle eut l’occasion de feuilleter le ‘Manuel des Diagnostiques des Troubles Mentaux’ telle que le ‘DSM-III’ consulté par les psychiatres, ces derniers définissant une ‘illusion’ comme étant une « croyance, erronée puisque basée sur une déduction – interprétation incorrecte de la réalité extérieure ».
Cependant, Laura était dubitative : pourquoi les professionnels de la santé mentale soutenaient-ils, dans de nombreux cas, l’illusion de la religion – mais la considérait comme étant pathologique dans bien d’autres contextes ?! Elle explique : « J’en venais alors à la conclusion qu’une illusion était imposée à l’Humanité, et j’avais beaucoup de mal avec cela »
Ressentant qu’elle arrivait au bout de son expérience avec la religion, Laura éprouva une grande colère de devoir abandonner sa foi et d’avoir été dupée de la sorte par ce gigantesque mensonge ! Symboliquement, elle compare sa désillusion avec le fameux conte d’Andersen ‘Les Habits Neufs de l’Empereur(4).
Par conséquent, prenant encore plus conscience de l’existence du ‘Mal’ qui se propageait quotidiennement dans le monde – aspirant à trouver sa ‘Vérité’, toutes ses découvertes la menèrent ainsi à mettre un terme à son rapport à la religion : « Dieu, tel qu’il était décrit et promu, ne pouvait possiblement être responsable pour les choses qui [devaient ‘Lui’ être ou] qui ‘Lui’ étaient attribuées. Encore pire, s’il en était responsable, [d’après la Bible], alors [c’était] nous, [les hommes], qui avions un sérieux problème, et cela voulait dire que Dieu lui-même était capable de faire du mal. »
Enfin, la quête de vérité de Laura impacta profondément son implication scolaire. Elle devint progressivement de plus en plus rebelle dans l’âme, refusant de participer en cours ou de rendre les devoirs qui lui étaient demandés. C’est dans ce contexte – d’un commun accord entre la mère de Laura et ses professeurs, qu’un thérapeute rattaché au cadre de la ‘vie scolaire’ de l’établissement, l’interviewa et effectua divers tests sur elle (des puzzles, des tests mentaux - de rapidité - de Rorschach, un MMPI, différents examens de QI, etc.).
Laura était ravie ! Tous ces examens la sortaient du cadre conventionnel de l’école publique qu’elle ne supportait plus. Pour la première fois, elle était écoutée et avait la possibilité de partager ses points de vue, sa passion pour la littérature, et même ses perceptions de l’invisible : « Cela s'avéra comme étant la première conversation intelligente que j'eus ! »
Lorsque le thérapeute fit son compte rendu de la situation, il exprima simplement : « Madame Knight, le seul problème de votre fille c’est qu’elle est bien plus brillante que ses professeurs, et probablement plus intelligente que nous tous réunis dans cette salle. »
Néanmoins, en grandissant, Laura eu pourtant du mal à accepter sa singularité :
« [J’étais soi-disant] trop différente pour rentrer dans les cases […] Être un ‘cerveau’ ne me faisait pas sentir spécial. Cela me faisait sentir très mal. […] [Personne n’aimait être en compagnie d’une encyclopédie vivante.] C’est ainsi que commencèrent les longues années où j’alternais entre le fait d’être idiote ou alors celui d’essayer d’être normale. [D’] être une rebelle – parfois sarcastique, voire même une madame je-sais-tout [malgré moi]. »
Laura se réfugia alors dans la musique, notamment dans la pratique du piano, qu’elle se mit à apprendre à jouer intuitivement. En jouant de son instrument, elle songeait à celui qui entendrait ses mélodies : « Il s’arrêterait et écouterait [la musique] avec enchantement [poussée à découvrir] la source d’une telle magie. Il me reconnaîtrait instantanément comme étant ‘Celle’ qu’il cherchait [depuis toujours]. Ensemble, nous pourrions résoudre les problèmes de ‘l’Univers’… »
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Pour finir, voici un article(5) que Tom French avait rédigé en 2000, dans lequel il décrivit un évènement qui représenterait justement pour lui, la force naturelle et la singularité qu’il percevait chez Laura :
« Voyez ça comme une histoire d’amour qui ne ressemble à aucune autre… Pour Laura Knight, ça a commencé…il y a une dizaine d’années, alors qu’elle était une jeune fille qui grandissait en Floride sur la côte ouest. Déjà à l’époque, elle était habitée par la curiosité. C’est ici que ça a vraiment commencé : avec l’héroïque et monstrueuse curiosité à couper le souffle de Laura.
À un stade précoce, elle refusait de croire au hasard. Elle était persuadée qu’il y avait des plans cosmiques, une trame de sens et de symboles sous-jacente, et elle voulait y participer. Elle dévorait des bibliothèques de livres. Elle s’immergeait dans la physique des particules. Elle étudiait de près Freud et Jung. Elle étudiait le Grec pour s’aider dans sa lecture du Nouveau Testament. Elle aspirait à comprendre la matrice des marées, le langage du tableau périodique, la progression séduisante de la ‘Sonate Au Clair de Lune n°14’ de Beethoven. Cependant, comprendre ces choses n’était pas suffisant. Laura n’avait pas seulement soif de comprendre, mais elle avait aussi soif d’expérimenter !
Donc, un jour, elle grimpa [à un arbre lors d’une] tempête. C’était en 1966, et l’Ouragan Alma faisait des acrobaties dans le Golfe du Mexique. À l’époque, Laura avait 14 ans et vivait avec sa famille dans une ferme dans le nord du comté de Pasco, en dehors de Hudson, à moins d’un kilomètre de la côte. Elle avait entendu à la radio ‘qu’Alma’ générait des vagues gigantesques, et elle voulait constater la férocité de ces vagues par elle-même. Elle demanda à sa mère de l’emmener à la plage, mais la réponse fut négative.
De la façon dont Laura s’en souvient, elle mit son plan à l’œuvre en fin d’après-midi ce jour-là. Sa mère s'était assoupie alors qu’elle effectuait un jeu de mots croisés – après toutes ces années, Laura est encore ahurie que cette femme, [sa mère], mît toute son énergie dans quelque chose d’aussi banal au beau milieu d’un jour aussi spectaculaire – et Laura attrapa ses jumelles et se faufila dehors.
Elle se dirigea vers son arbre préféré – un camphrier imposant qu’elle avait souvent escaladé pour contempler le Golfe [du Mexique], qui était idéal pour ce qu’elle avait maintenant en tête. Progressivement, elle lutta pour tracer son chemin vers l’arbre, inclinant son corps au gré du vent et de la pluie, marchant de manière instable à travers une mer de boue et de débris. Elle pouvait sentir autour d’elle le parfum incomparable de l’ozone – terreux, piquant, presque soufré – celui ‘d’Alma’, qui faisait connaître sa présence.
Lorsque Laura arriva finalement à l’arbre, elle grimpa jusqu’à ce qu’elle atteigne son point d’observation habituel – une fourche à trois branches qui formait une sorte de berceau naturel près du sommet, à quasiment [plus de] 10 mètres au-dessus du sol.
Elle se cala dedans et prit place dans le cœur du maelstrom. Le camphrier se balançait violemment ; le vent sifflait et hurlait ; la pluie s’abattait sur [Laura], exerçant une pression contre ses paupières et allant jusque dans sa bouche. Scrutant vers l’ouest à travers ses jumelles éclaboussées par la pluie, elle pouvait seulement distinguer l’étendue bouillonnante et sombre du Golfe [du Mexique].
En son intérieur, Laura se força de rester calme. Lorsqu’elle était sortie de la maison, une partie d’elle avait peur. Mais elle avait maintenant accédé à un endroit [de sa conscience] au-delà des frayeurs – de la crainte. Alors que l’ouragan la berçait dans son petit abri, l’engloutissant, ainsi que le reste du monde visible, elle fut transportée dans un état augmenté [de conscience], à la fois d’un calme parfait et d’une exaltation absolue. Elle était devenue l’œil du cyclone, la conscience à l’intérieur du chaos. Elle n’avait pas peur de mourir.
À cet instant, les questions existentielles de Laura – les questions qui la traverseraient dans toutes les prochaines années à venir – se révélèrent une bonne fois pour toutes. Était-ce courageux de sa part de s’aventurer dans cet ouragan ? Ou était-ce un acte intrépide ? Était-ce la preuve de quelque chose de merveilleux à l’intérieur d’elle, ou un signe précurseur de quelque chose qui clochait [chez elle] ? [‘L’Univers’ entendait ses appels !] »
1) Voir à ce sujet : http://ufoexperiences.blogspot.com/2007/03/john-reeves.html
2) ‘Visage à la Fenêtre’ ou ‘Face at the Window’ dans la version originale. Voir à ce sujet le résumé n°1 – ch.1 à ch.3 de ‘Amazing Grace’.
3) ‘British Society for Psychical Research’ – voir à ce propos : https://fr.wikipedia.org/wiki/Society_for_Psychical_Research
4) Voir à ce sujet : https://soutien67.fr/francais/niv03/lire/textes%202/texte%2006%20-%20les%20habits%20neufs%20de%20l%27empereur.pdf
5) Voir à ce sujet : http://www.sptimes.com/News/webspecials/exorcist/
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