Suite à quelques événements les jours derniers où je ne me suis pas positionnée pour dire non à des choses que je ne sentais pas juste pour moi, j’ai entrepris de creuser en moi pour comprendre pourquoi je me retrouve tétanisée encore aujourd’hui, adulte et un peu plus consciente qu’avant, quand il s’agit de me positionner.
J’ai commencé la lecture de Voir, de Carlos Castaneda. Hier soir, j’y lis que « aussi longtemps qu’il pense qu’il a été victime, sa vie sera un enfer ». Cela me renvoie alors à ma propre enfance et à mon expérience de harcèlement à l’école. J’ai beau avoir compris qu’il se jouait autre chose derrière, que c’était en quelque sorte un miroir du rejet de moi-même, je sens qu’il reste de l’émotionnel. Sans doute une des sources de la colère qui apparemment m’habite encore (et qui s’exprime dans ma façon de communiquer dans mes emplois d’« accueil » ?). Quelque part, je crois encore avoir été une victime : un alter ? Ou bien déjà, à ma naissance, je me considérais déjà comme une victime (perte de mon jumeau / j’allais écrire « jugement » : je me jugeais pour cette perte, donc je m’attirais des bourreaux). La vie m’a donc fait vivre des expériences de victime. Il m’était peut-être demandé de me positionner. Tout comme aujourd’hui, quand quelque chose n’est pas juste pour moi. Ne me positionnant pas moi-même, les prédateurs « me positionnent », comme si j’étais un pion, sensation que j’ai souvent eu au travail (j’étais « placée » sur des sites). Et me laissant être positionnée, on décide pour moi et je suis en quelque sorte soumise : le programme de soumission est très présent dans d’autres de mes vies. Ne pas me soumettre, donc me positionner, c’est sortir du rôle de victime complètement, c’est sortir de la pensée que j’ai été une victime et donc remettre en quelque sorte mon « identité de naissance » dans cette vie-ci (celle que mon prédateur m’a inculquée) en question. C’est aussi sortir de la pensée que j’ai besoin qu’on me voit comme une victime (besoin entretenu par le prédateur). Quand je ne me positionne pas, je laisse l’alter victime se manifester, et mon prédateur peut se nourrir des émotions que je ressens alors : culpabilité, tristesse, colère…
« Réduire ses besoins à rien » poursuit Castaneda. Quels sont mes besoins sous-jacents au fait de ne pas me positionner ? N’ai-je pas de l’attachement à la culpabilité ? à la colère (retournée contre moi) ? Ne plus alimenter de la culpabilité ni de la colère (envers moi ou autrui), c’est m’accepter pleinement et me responsabiliser pleinement. Donc sortir du rôle de victime, sans entrer dans le rôle de bourreau.
Les premières personnes avec qui je ne me positionne pas, ce sont mes parents. Donc je ressens, facilement culpabilité et colère, surtout envers ma mère, qui devient donc victime de mon bourreau / prédateurs entremêlés. Quand je me positionne, mon prédateur me fait ressentir de la culpabilité car elle est blessée facilement. Pour éviter cette impression de faire du mal autour de moi, je me tais et tourne donc la culpabilité vers moi, nourrissant mon prédateur. Ainsi, je ne passe pas pour « mauvaise » ou « méchante », me fait-il croire, et j’évite de rouvrir la blessure du jumeau, alter qui reste étouffé quelque part.
Voilà où en étaient mes réflexions hier soir. Ce matin, je ne me réveille pas bien, j’ai mal dormi, peu, j’ai eu physiquement l’impression de me faire aspirer mon énergie. J’ai bien entendu les craquements de meubles de la cuisine, je les entends de nouveau en écrivant ces lignes. J’ai demandé à mon réveil des éclaircissements à mon Moi Supérieur, j’ai suggéré des pistes en cherchant à sentir ce que ça me faisait, je n’y vois pas clair. Je venais de faire un rêve où j’étais dans un hôtel et on cherchait à me changer de chambre à deux reprises, il fallait, avant que je m’installe dans la nouvelle chambre, vérifier les murs (murs d’une pièce = enveloppe corporelle ?). Je me réveille vidée et courbatue.
Je demande à nouveau à me montrer ce qui se passe, je « vois » des cartes défiler comme sur les machines de casino, je comprends que les pensées/questionnements vont trop vite dans ma tête et que ça m’empêche d’entendre/capter ce qui compte.
Quelques moments plus tard, je lis un témoignage sur le réseau LEO (Prédation mère-fille, souvenirs d'enfance et programmation du cerveau - par Galline) et la suite qui fait écho en moi. Je suis en colère, oui, là, je la sens cette colère, envers ma mère surtout. Oui j’aurais voulu avoir une autre mère, avouons-le, puisque c’est ce que j’ai ressenti et refoulé. Oui, j’ai parfois en horreur cette mère dont le prédateur étouffe l’entourage en s’immisçant l’air de rien dans ce qu’on vit. Parlons pour moi : qui s’immisce l’air de rien dans ce que je vis, par petites touches incognito, qui s’immisce physiquement dans mon espace personnel comme pour mieux s’agripper à moi et, là encore, m’étouffe et me met en colère parce que je ne dis pas non, je me tais et me laisse faire, parce que quand on lui dit quelque chose qui dérange son prédateur se braque et elle fond en larmes, « elle a trop souffert alors il faut la préserver » (panneau vu il y a quelques jours devant un arrêt de bus : « je préserve mon environnement – je coupe mon moteur »…!).
Et ce que son prédateur me renvoie, ce que mon prédateur répond, c’est que je dois rentrer ma colère, je dois rentrer ma sensation d’étouffer et donc j’étouffe toute seule à l’intérieur, j’ai besoin d’espace ! Espace que je recrée autour de moi dans mes autres relations, qui se manifeste par de la solitude qui plaît bien à mon prédateur, puisque je ressens de la culpabilité à nouveau (« tu vois, tu es seule, tu ne sais pas créer/garder des liens »).
(En écrivant tout ceci, j’ai des pensées de fille indigne qui me traversent, de honte à avoir, et du mal que je ferais si c’était lu par des proches, « es-tu certaine de vouloir être publiée ? Tu imagines, l’éclatement que ça peut provoquer ?? ». Ben justement, c’est faire de l’espace pour tout le monde, amener de la respiration.)
Donc je fais naître encore et encore de la colère parce que je n’écoute pas ce que je ressens en présence de ma mère, et si je lui parle ça lui fait mal. Cercle vicieux dont nos prédateurs peuvent se délecter !
Et mon père, je vois bien qu’il se laisse aspirer son énergie, chaque fois plus, mais il est rentré dans le jeu et il veut à tout prix éviter les éclats, alors non, il ne faut rien dire qui fâche ta mère ! Restons-en à la surface, où tout va bien, et laissons les prédateurs faire leurs affaires dans l’ombre.
Là, à ce moment du récit, je crie un coup. J’hésite à écrire un email pour exprimer un peu les choses à ma mère (avec modération… un email n’est pas l’idéal je le sais, mais on est éloignées, elle entend mal (… elle ne veut pas entendre... chose qu’elle ne veut pas entendre non plus). Je vais sur ma messagerie électronique. Dans les mails indésirables, il y en a un seul. D’une certaine Nadine… Nadine, sœur de ma mère (d’un coup je réalise que couper le lien d’attachement passe aussi par arrêter de l’appeler maman... donc, disons, M). Donc, Nadine, qui s’est éloignée géographiquement de la famille. Parce qu’elle voyait/sentait la prédation dans sa famille, comme moi je la sens chez M ? Elle est décédée de façon tragique. Serait-ce ce qui m’empêche inconsciemment de m’exprimer et de me positionner face à eux ? Ce malheur qui a pesé au moins une fois sur un membre de l’arbre généalogique qui aurait osé coupé un lien de prédation ? (je vais peut-être loin… et cette pensée-ci n’est peut-être pas de moi) Comme un alter qui m’empêche de parler, terrorisé par cette mort qui l’attendrait si jamais les mots sortaient ?
J’ai la gorge hyper sèche, la tête qui tourne. Je me sens épuisée. Dans l’appart à côté, mon voisin s’énerve encore au téléphone. Ces mots sont indistincts, à part : « il faut prendre ses distances »…
* * *
Avec quelques heures de recul, je crois que mon texte porte des marques de jugement et je n'ai cessé d'y penser. Je voudrais reformuler, mais je vais ajouter plutôt ceci : j'ai écrit des mots durs, alors que j'étais en processus de compréhension, j'aime ces personnes qui m'ont élevée et que je les ai retrouvé récemment après une séparation. Toutefois, j'ai bien constaté la présence forte à nouveau de la prédation. Elle s'immisce dans les "petits coins" alors que, je le sais de ma propre expérience, on fait ou dit avec une intention qu'on croit bonne... Et, deuxième chose, j'ai oublié, dans l'élan de l'écriture, de revenir au miroir que ce "non-dit" mère-fille me renvoit, le fait que j'ai aussi un alter en moi qui ne veut pas entendre, et qui se braque et est très susceptible, et c'est justement parce que je rejette cette partie de moi que M. me renvoie en miroir quelque chose qui me dérange. Là, en revanche, je me sens encore démunie pour savoir comment opérer l'intégration de cet alter, je pense avoir besoin de lire plus de témoignages et voir plus de vidéos du réseau.
Voilà pour ces quelques mots en plus, avec la conscience que maintenant, il est très important que je prenne un peu de recul après l'écriture pour faire le point sur ce que j'ai écrit et voir là où ce n'est pas transparent. Pour autant, il reste des choses sur lesquelles revenir dans ces réflexions, je n'en doute pas.
Merci pour votre attention,
Bien à vous,
Candice J
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Hafida B (mardi, 11 août 2020 19:21)
Bonjour Candice,
Je vous remercie pour pour votre témoignage qui me permets de mieux vous connaître et m’éclaire sur ma propre expérience.
Bien cordialement,