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Suite à l’écriture des deux premières parties, deux femmes me sont revenues régulièrement à la mémoire. Mon ressenti face à elles, était totalement différent de celui que j’avais partagé et j’ai cherché le sens de ces mémoires réactivées.
La première de ces deux femmes a croisé ma vie il y a un peu plus de 30 ans. C’était la femme du pasteur de l’église que je fréquentais à l’époque avec mes parents. J’avais une quinzaine d’années et je me cherchais. Difficile de prendre ma place et encore moins d’exprimer mes envies que je n’identifiais pas du tout.
Elle m’a proposé de participer à la prise en charge des très jeunes enfants de l’église pendant les services de culte. Cela fut pour moi une révélation. J’ai adoré avoir ces bébés dans les bras, les écouter, trouver des animations pour les distraire, les consoler ou les rassurer. Je me suis découverte des trésors de patience pour leur parler avec douceur et tendresse. J’avais enfin le sentiment d’avoir une place qui était la mienne et dans laquelle je m’épanouissais.
Je garde un souvenir ému lorsque je pense à elle car elle avait vu en moi ce désir inconscient de m’occuper des enfants et m’avait permis d’y accéder. Prendre les bébés dans les bras et les réconforter était un ressourcement pour moi. D’ailleurs si je devais m’engager aujourd’hui dans du bénévolat ce serait de passer du temps dans les unités prénatales à câliner les bébés en manque de contacts humains.
C’est un lien très particulier que l’on peut avoir avec de très jeunes enfants, il n’y a pas d’échanges verbaux mais une richesse sur d’autres niveaux, une forme de connexion transcendante qui m’échappait complètement à l’époque mais à laquelle j’aspirais déjà sans le savoir.
Cette femme est apparue dans ma vie au bon moment pour me connecter à ce potentiel et trouver une place à laquelle je n’accédais pas. Je n’ai aucun souvenir de prise de pouvoir de sa part, ou de manipulation pour me faire faire ce qu’elle voulait. Elle m’a permis de donner naissance à cet aspect de moi, à travers la présence et les soins que je pouvais accorder à ces bébés.
Premier indice d’une naissance à soi.
La seconde femme à laquelle j’ai beaucoup pensé suite à mes deux premiers partages a croisé ma route il y a 5 ans. Alors que j’arrive sur un lieu de stage, l’animatrice m’accueille avec un grand sourire en me disant que ça lui fait plaisir de me revoir. Je suis surprise car nous ne nous sommes jamais rencontrées. Toutefois, je ressens qu’elle m’est familière.
Durant les deux jours de formation qui vont suivre, ma vie va basculer. Je prends conscience que tout ce que j’ai reproché à ma mère, j’ai fait exactement la même chose à ma mère et à moi aussi. C’est une prise de conscience brutale du triangle victime-sauveur-bourreau avec un effet surprenant, je ressens de la compassion à la fois pour ma mère et pour moi. C’est un flot de compassion qui me submerge comme si j’accédais à la mise en lumière des schémas de prédation qui se sont joués entre nous pendant des années.
Je suis littéralement en état de choc. Et je décide de suivre tous les autres stages possibles avec cette formatrice. Je commence un cheminement de deux ans où je vais apprendre à m’aimer, à m’accepter dans mes parts les plus sombres.
Je n’ai pas encore conscience de la dimension de la prédation mais au niveau où j’en suis à ce moment-là, cela m’aide à identifier mes croyances, mes peurs et à me confronter à mon ego, pour le mettre au service du « Je suis », du Soi supérieure, de l’En-Je.
La 2e année je lui demande d’être ma consultante pour le suivi de la formation. Elle va m’aider à m’accepter dans mes limites et ne sera jamais directive dans son accompagnement. Je ressens pour elle une profonde gratitude.
Elle aussi à sa façon m’a permis de naitre à moi-même…
Je suis restée plusieurs jours interpellée par ces deux souvenirs. J’avais beau chercher, je ne voyais pas d’autres femmes qui me ramenaient à ce vécu bienveillant avec moi. Deux femmes face aux deux trios dont j’avais parlé dans les deux premières parties.
C’est Stéphane qui va m’apporter une autre pièce du puzzle, en me faisant part d’un texte qui m’interpelle sur le « Matriotisme », terme inexistant dans le dictionnaire… Et pourtant il semble contenir une dimension que je n’avais pas encore trouvée.
« Le Matriotisme est l’ensemble des valeurs, des attitudes et des activités visant au réveil de la Force féminine dans la société humaine et ainsi à la nécessaire transformation de celle-ci.
Matriote se dit de toute personne qui participe à sa propre transformation et par conséquent à celle de l’humanité, en œuvrant à travers une pratique quotidienne au réveil de la Force Féminine en elle et dans le monde. »
Les différentes expériences avec toutes ces femmes sont les différentes facettes de cette Force Féminine qu’il me fallait réintégrer dans les différents aspects.
Dans le Tarot, le 2e arcane se rapporte à la Papesse et le 3e à l’Impératrice. Nous sommes dans deux figures de femmes avec des énergies très différentes, à l’image de ce que j’ai vécu.
La Papesse est celle qui donne naissance, qui permet la traversée du voile, l’accès à une nouvelle dimension de l’Être. C’est ce que ces deux (2) femmes ont été pour moi.
L’impératrice est une femme plus autoritaire. Elle a une activité mentale très forte comme l’indique le rouge de sa tête. C’est mon vécu avec les trios (3) de femmes partagé dans les deux premières parties.
Ces trois types d’expérience m’ont été nécessaires pour accéder à cet arcane au centre du Tarot qui est l’arcane 11 : La Force, force qui a équilibré ces polarités masculines et féminines, son énergie yang et yin.
11, la nouvelle porte vers soi (3+1 + 3+1 + 2+1 = 11)
Avec le Matriotisme, il s’agit de sortir de la boucle du Matriarcat ou du Matristique, deux modèles qui sont toujours dans une forme d’autorité, pour atteindre la transformation intérieure qui permet le réveil de la Force Féminine.
A travers ces trois parties, j’ai pris conscience du chemin qui a été le mien à travers le féminin : il me fallait me confronter à la dimension de l’autorité féminine, la reconnaitre en moi pour accéder à l’autre aspect le féminin qui donne naissance, qui révèle et transforme et enfin incarner la dimension de la Force Féminine.
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Ce texte était écrit depuis quelques jours et je n’arrivais pas à le finir. J’étais en prise avec une partie de moi qui exigeait que mon partage soit plus « enseignant », plus dans une analyse pédagogique des processus à l’œuvre en moi… C’est à la lecture du partage de François Y. (L’énergie derrière l’enseignant et l’ego spirituel) que j’ai réalisé la part prédatrice de cet alter enseignant chez moi qui prenait le pas sur ce que j’avais simplement envie de partager et qui du coup bloquait le partage. Je m’en suis donc tenue à la première version en acceptant de voir cet alter à l’œuvre en moi et reconnaitre aussi l’ego spirituel sur mon chemin. Merci à François pour son partage.
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