Suite à la question de Coka aux lecteurs
Bonjour Coka,
Étrangement, je me suis surpris à lire ta question aux lecteurs, en étant persuadé que c’était celle d’un homme. J’ai d’ailleurs commencé ma réponse avec cette idée en tête, jusqu’à ce que j’avise ma méprise. L’énergie masculine que j’ai fortement ressentie est probablement la cause de tes ennuis. Je m’explique. Tu sembles tiraillée entre la nécessité de gérer les affaires courantes qui sollicite ton cerveau gauche et ton cerveau droit, ta partie féminine créatrice, intuitive, faite de vie et de don, qui désire se manifester. Elle vit dans l’instant, l’autre dans l’anticipation. L’une et l’autre se heurtent inconciliables. Le désordre extérieur est une manifestation de ce conflit intérieur. Comment assumer tes obligations courantes avec cette nouvelle vision du monde que tu découvres ? Comment libérer ton potentiel créatif sans perdre la maîtrise de ta vie ? Comment retrouver de la saveur et de l’intérêt aux choses qui t’entourent ?
Quand cela m’est arrivé, j’ai compris que la meilleure chose à faire était de se laisser porter par le courant et ne pas chercher à vouloir contrôler quoi que ce soit au risque de s’enfoncer et de se noyer. Un épais brouillard m’a privé de toute possibilité de repère pendant plusieurs mois. Aujourd’hui, je traverse des nappes de brume. J’avance, je me laisse glisser au fil de l’eau, sans savoir où je vais, sans aucune attente. Butiner à droite à gauche, papillonner de-ci de-là en quête d’un picotin qui nous rassasie, est une étape inévitable pour découvrir nos nouveaux centres d’intérêt une fois le voile de l’illusion percé. Comme l’enfant qui touche à tout pour reconnaître son univers, nous devons passer par cette exploration du nôtre avec les mêmes enthousiasmes et les mêmes désillusions. Nous sommes en apprentissage. Pendant ce temps, nos anciens personnages se meurent, tandis qu’en nous se fortifie l’être SDA. Cette mort à soi qui nous est demandée, est très pénible, parce qu’il est tellement plus commode de savoir où l’on va, comment on y va et sur quelle voie.
Accueillir l’instant présent pour y trouver ce qui nous permet d’être davantage dans le service à autrui et ainsi subordonner nos actions à cet objectif, est, à mon avis, le seul antidote au désœuvrement. La priorité étant fixée, le service à autrui, peu à peu, insensiblement et d’une façon parfois très inattendue, les choses, les circonstances s’alignent comme aimantées vers cette nouvelle finalité. Nous entrons graduellement dans le courant du service à autrui qui nous fait traverser de nouvelles contrées avec parfois des méandres qui peuvent nous donner l’impression de revenir sur nos pas. C’est l’un des aspects inconfortables de cet abandon. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’acceptation de ces apparents caprices du destin SDA, nous permet d’acquérir une discipline qui nous rend de moins en moins au goût de nos prédateurs.
Aujourd’hui, je vis précisément une de ces bizarreries. Après m’être engagé par paliers dans le régime cétogène depuis juin dernier, je me vois dans la nécessité de l’interrompre pour aider des personnes de mon entourage dont l’orientation SDA cherche à s’épanouir. Conserver certains de mes nouveaux réflexes alimentaires est la discipline qui m’est réclamée. J’avoue que résister à des sollicitations de déroger à ma ligne de conduite, n’est pas aisé, cependant comme cette décision n’est pas le fait d’un caprice, mais d’une disposition faite en concertation avec ma supraconscience les occurrences sont favorables. J’ai beaucoup plus à gagner en passant par ce chemin qui me permet de traiter certains points avec ma prédation que de suivre celui de mon régime alimentaire parce qu’en agissant ainsi je prenais la direction du service du soi (SDS). Faire un tel choix, apparemment contraire à une orientation SDA, requiert de n’offrir aucune résistance au courant du service à autrui qui se désigne à notre attention. Cela veut dire qu’il ne faut point faire, car nous sommes incapables de faire, de faire ce qu’il faut pour être SDA. J’avoue que ne point faire, alors que nous avons toujours fait ce qu’il fallait pour régler notre vie, invite à l’ennui.
La peur que tu ressens en découvrant la monstrueuse organisation de la prédation qui détermine notre destinée, est légitime. La seule façon d’y faire face est de ne point bouger. L’agitation suscite l’intérêt contre toi, elle t’expose aux représailles. Là encore, il ne faut point faire. Ne point faire permet l’activation du cerveau droit, la mise en action de notre créativité trop souvent étouffée par notre partie masculine qu’une imprudente tentative d’accélération du processus compromettrait. Selon les standards de ce monde qui nous poussent à faire parce que l’oisiveté est la mère de tous les vices, une telle attitude est insensée. Et pourtant, elle est sagesse. Nous ne pouvons brusquer le réveil de la belle endormie. Ce que nous prenons pour de l’ennui n’est que prudence. Cette plasticité qu’il nous commande, consent à notre façonnage par notre supraconscience. Se refuser à anticiper pour rendre son pouvoir à notre puissance créatrice nous assure une vie riche et abondante en mettant le cerveau gauche au service du cerveau droit. En attendant, nous passons par le chemin de la déprogrammation de nos vieilles habitudes de contrôle et de projection, un temps où notre ancienne vie perd de son éclat et où celle qui vient a les flétrissures de la peau d’un nouveau-né.
J’espère que tu trouveras dans ces lignes matière à réponse à ton questionnement.
François D. (Cénacle dépt. 22)
(Si Coka souhaite mon mail pour me répondre, je vous autorise à le lui transmettre.)
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Véronique R; (lundi, 13 février 2017 18:42)
Merci à François pour cette réponse qui me touche également :)
Coka (mardi, 14 février 2017 12:45)
Un grand merci de ta réponse François. Après l'avoir lue plusieurs fois, car elle est très riche, elle commence à me parler et à m'indiquer enfin une direction. Tu as comme allumé une bougie dans le noir de mes multiples questionnements. Tu me rassures également quant à mon "papillonnage" en me disant que tu as eu le même. "Ne point faire" , je trouve que c'est une excellente idée à explorer. L'image de la brume (on voit, on ne voit plus, on voit, on ne voit plus) est joliment poétique et en même temps tellement vraie pour moi!!!! C'est une très belle image.
Tu me pensais masculin et je te trouve beaucoup de féminin.
Bref, je garde précieusement ton message.
Je me suis permis de demander ton mail comme tu l'as gentiment proposé.
Encore mille fois merci.