Ayant conclu avec le directeur de l’école la renaissance qu’il me contacterait dès que le document de départ sera prêt, je traversais une période d’attente qui a usé mes nerfs. Pourtant, je savais qu’il me fallait lâcher prise, que je n’avais aucun contrôle sur la situation, mais je n’y arrivais pas. Tendue, une boule dans le ventre, je vivais une angoisse continue, celle de devoir affirmer, face à l’autorité, que je choisis une voie différente.
Je n’ai jamais autant médité pour ramener mon attention sur moi, sur mon corps et ne plus le fuir. Dès que ma présence faiblissait, ce qui arrivait souvent, ma tête partait dans de l’anticipation : ils vont dire ça, penser ça, je dois argumenter, justifier... etc. Ce qui naturellement renforçait le poids dans mon ventre et comprimait mes poumons. Cesser d’imaginer ce que l’autre peut bien penser m’a demandé un effort colossal, et à ce jour, je dois continuellement couper ce processus.
La culpabilité continuait de vibrer en moi. Cette fois, parce que j’étais incapable de manifester de la force, d’agir librement, d’affirmer mes choix. C’était comme si je choisissais la voie SDA en catimini et l’expérience me forçait à déclarer haut et fort mon orientation, et pas seulement face à mon entourage, mais face à l’autorité en place, face aux lois et normes SDS.
Puis, j’ai fini par pleurer la honte. Une honte que je ressentais à l’égard de moi-même, mais également à l’égard d’un alter qui pourtant m’a montré sa programmation et a réussi à emprunter un chemin différent. Ce n’est qu’après avoir conscientisé que je ressentais de la honte à l’idée de partager sur le réseau Léo notre expérience (elle et moi), que j’ai compris l’origine première de la culpabilité.
La première fois que la Kingu Babbar s’est manifestée dans ma bulle de perception, elle se débattait toujours avec sa colère contre le masculin. J’ai fini par voir les signes qui ont marqué mon enfance, une sorte de répétition de ce karma lointain. Le féminin à qui on a retiré toutes ses responsabilités pour n’en faire qu’une esclave, pondeuse, prête à satisfaire les désirs de sa contrepartie masculine. Chose qui l’a mené à se droguer pour fuir la réalité.
Si la royale et moi vivions dans deux réalités différentes, nous portions la même programmation. La seconde fois que je la rencontrais, c’était à travers le rêve suivant :
« Je rencontre ma sœur dans un salon de coiffure. À peine entrée, la dame en charge étale une teinture sur mes cheveux. Je me retrouve avec des mèches blondes. Le rêve change et je suis projetée ailleurs.
Je suis dans un grand hôtel de luxe. Je ne suis pas la même, car je suis habitée par une énergie séductrice. Je rencontre des hommes et j’en choisis un pour l’emmener dans une chambre. Dans l’ascenseur, je suis comme réveillée de cet état. Je n’ai qu’une pensée : je dois partir d’ici, immédiatement !
Quand je sors de l’ascenseur, le vrai visage du lieu se dévoile. Mes sœurs, des femmes à la même chevelure dorée, reconnaissable entre toutes, sont alignées devant des cabines. Elles doivent satisfaire sexuellement les maîtres.
Alors que je décide de partir, l’une d’elles me dit de rester, car le sexe nous permet d’arrondir les fins de mois. Je prends conscience que toutes ces femmes se prostituent.
Décidée, je quitte le lieu, et étrangement, ce compagnon fait de même. Si je pars, il part, si je reste, il reste. C’est alors que je me retrouve dans un autre endroit où les maîtres sont rassemblés. L’un d’eux demande à mon maître s’il m’a montré ce qui arrivait à celles qui décidaient de partir. Ce dernier reste silencieux. C’est alors que je reçois l’information : si je pars, un cancer va se déclencher, comme ma mère, et me tuer. La peur de la maladie me fait revenir sur mes pas.
Je suis sur le toit de cette installation, et je vois ce qui s’y passe. À travers le sexe, l’énergie de toutes ces femmes à la chevelure dorée est récoltée, puis recyclée en nourriture servie aux maîtres.
Au moment où mon compagnon reçoit son plat, il prend une bouchée, mais le goût se répand dans ma bouche. Je trouve cela fade. Il recrache. Je comprends qu’il ne peut plus se nourrir de ça, mais que par contre, il a la capacité de s’alimenter directement sur moi, à travers l’acte sexuel. »
À mon réveil, je prenais conscience de deux choses. L’une était que la prédation jouait sur la peur de la maladie pour me maintenir dans les rangs : la crainte qu’un mal silencieux que je porte puisse se déclencher et me tuer, en lien avec le passé lointain des Babbar. Je devais donc m’en rappeler et ne plus me faire piéger.
Le second élément était que je portais le même programme que ces blondes qui se prostituent. J’avais traversé une période de mal-être, de conflits avec Anas, et finalement de compréhension. J’avais conscientisé que ma colère contre lui était une manière de ne pas toucher ma programmation : si Monsieur subvient à tes besoins financiers, tu dois subvenir à ses besoins physiques.
Ainsi, les femmes comme moi, porteuses de cette génétique royale, se retrouvent habitées par la même programmation et à travers le sexe, elles alimentent ces entités prédatrices qui au besoin, jouent sur la peur de la maladie pour contrôler leurs esclaves.
Il y a quelques mois, je ne trouvais plus ma bague de mariage, vu qu’on ne met plus nos bagues. Quand j’ai fini par la retrouver, elle était dans une poche avec des clés. La symbolique derrière m’incitait à déverrouiller le couple.
Dans la même période, Anas a décidé d’acheter une voiture, la sienne ! Tout ce que j’y ai vu était : il choisit une voie différente de la mienne ! Pleurer m’a aidé à libérer cette peur de la séparation, liée à ce mode de fonctionnement SDS, où l’autre devient une continuité de soi et qui me poussait souvent à faire de l’ingérence.
Puis, à cause de travaux dans le quartier, nous avons découvert un tuyau souterrain qui passait sous nos voitures. Un canal de prédation qui nous liait. C’est à la suite de cette découverte que je ne retrouvais plus de place pour mon véhicule. J’étais forcée de stationner ailleurs au lieu de rester collée à Anas. Il était temps qu’on sorte de cette zone de confort illusoire et qu’on retrouve chacun notre autonomie énergétique.
C’est ainsi que nous avons commencé à tout mettre à plat.
En creusant avec Anas la symbolique de sa douleur à l’aine, il m’a avoué qu’il ressentait de la haine envers moi, séquelle d’années passées. En ces temps, je l’avais encouragé à abandonner son travail pour s’occuper de Lylia, et j’avais fini par mal le traiter. Vu qu’Anas ne répondait pas, mes remarques devenaient de plus en plus blessantes et j’avais fini par l’insulter. Il était bloqué, mal vu par la société, à supporter les commentaires de la famille, sans aucune source financière, à s’occuper des tâches ménagères, de Lylia, et en plus, à encaisser tout mon mal-être.
Soumise à cette trame non résolue de ce passé Kingu, je m’étais assurée d’isoler Anas, de lui couper les vivres pour qu’il soit à ma merci, et j’avais reproduit ce karma, mais cette fois-ci, à l’envers, une vengeance inconsciente.
Quand les rôles se sont inversés, Anas ne s’est jamais montré blessant. Cette période continuait de vibrer en moi, je me sentais honteuse d’avoir agi de la sorte, mais vu que Anas n’en parlait pas, nous avions juste enfoui ce passé. L’aborder m’a permis de pleurer ma culpabilité et lui de mettre des mots sur ce qu’il ne se permettait pas d’avouer.
Nous avons également abordé la sexualité qui était comme un baume anesthésiant sur nos blessures. Dès que les tensions se faisaient sentir, l’acte sexuel permettait de tout enfouir, de ramener une certaine normalité dans le couple.
J’avouais à Anas mes difficultés à dire non quand la prédation récolte de l’énergie sur moi, et qu’à moins de m’exercer dans la vie diurne à refuser l’acte sexuel, je ne pouvais pas m’en rappeler dans la vie nocturne.
Pour ne plus prendre de décision seule, ce que Anas me reproche souvent, nous en avons parlé. Je n’avais aucun droit de l’empêcher de vivre sa sexualité, et je refusais de remettre à plus tard ma décision. Anas se retrouvait donc face à un choix.
Au début, il l’a mal pris, mais avec le recul, il a fini par comprendre que je ne le rejetais pas, juste je lui rendais le volant de sa voiture. Il était temps qu’il prenne des décisions pour lui. Après quelques jours, il m’a appris qu’il choisissait la quête et qu’il voulait essayer de vivre sans rapports sexuels, bien qu’il ne voie toujours pas pourquoi il faut renoncer au sexe.
En conscientisant le programme de la prostitution et en décidant de ne plus y répondre automatiquement, certains événements qui s’étaient produits dans le passé, prenaient du sens. Alors âgée de 12 ans environ, dans le bus, un homme m’avait proposé de l’argent pour le suivre. Puis, des années plus tard, un autre avait fait la même chose. Je m’étais demandée, non sans colère, pourquoi les gens me prenaient pour une prostituée. J’avais maintenant la réponse. Ils répondaient à ma programmation.
C’est alors que je rencontrais la royale pour la troisième fois :
« Je suis dans un hôpital, une soi-nieuse. Je travaille quand un homme me fait signe. Je sens la tension sexuelle monter, et comme sous hypnose, je le suis docilement. Nous arrivons devant une porte qu’il ouvre et m’ordonne d’entrer. C’est là que se produit le déclic.
Elle se réveille de cet état et répond : non. Elle lui tourne le dos, et laisse derrière elle cet hôpital et son passé pour aller de l’avant. Je remarque alors que ses cheveux sont noirs.
Je suis propulsée dans son passé. Je la retrouve splendide avec ses longs cheveux dorés. Elle discute avec ses sœurs qui attendent d’elle qu’elle fasse bien son travail (satisfaire les besoins sexuels d’un homme), pour qu’elles toutes puissent en retirer certains bénéfices que ce mâle pourrait leur accorder. Elle leur dit de ne pas s’inquiéter, qu’elle s’en occupait. »
Me retrouver dans son passé m’a fait prendre conscience que se prostituer pour quelques privilèges était normal pour ces femmes. Cependant, la royale qui a pris un nouveau chemin, n’était plus la même. Elle a changé. La pigmentation de ses cheveux en témoigne.
Alors, quand j’attendais l’appel du directeur, toujours mal à l’aise dans ma peau, et m’asseyais pour regarder à l’intérieur, je l’ai ressentie et j’ai compris.
La situation que je traversais avec l’école rejouait ce karma lointain. J’étais face au même choix, renoncer à mes responsabilités ou les reprendre. Ces hommes, l’autorité masculine, m’ont fait ressentir que je n’étais qu’une incapable, que je devais les laisser tout gérer. Ainsi, ils m’ont poussé à revivre cette culpabilité qui me collait à la peau, mais dont j’étais inconsciente.
Alors que je comprenais qui était la femme aux cheveux noirs que je devais libérer de l’emprise des attributs masculins, soit les normes et lois de ce système patriarcal, qui l’étouffaient dans son expression la plus basique, je pleurais notre culpabilité.
Le choix qui s’offrait à nous était l’occasion d’arrêter de reproduire ce karma, d’oser reprendre nos responsabilités, notre autorité. Nous n’étions plus coupables mais enfin responsables.
Cette fois-ci, je ne choisissais plus parce que je me devais de protéger Lylia, mais parce qu’il était temps pour nous de reprendre notre destin en main et de cheminer vers cette nouvelle existence qu’était le service d’autrui.
Libérée des chaînes de la culpabilité, j’étais habitée par une confiance nouvelle. La peur était toujours présente, mais la conviction que je ferai le nécessaire, quoi qu’il m’en coûte, pour me libérer, était plus forte.
C’est ainsi que je commençais à me questionner à propos d’autres signes, qui cette fois, allaient me mener vers un autre porteur de cette génétique Babbar.
Au cours de cette expérience, trois personnes ont utilisé un exemple assez étrange pour témoigner du fait qu’ils ne pouvaient pas maltraiter les enfants. Les deux instituteurs et la dame avec qui j’ai discuté. Ils m’ont parlé des enfants handicapés et autistes dont ils avaient la charge. En plus, la femme avait ajouté qu’ils essayaient de programmer des comportements chez ces enfants, en faisant très attention pour ne pas tomber dans l’automatisme.
Ces signes en tête, je visualisais la capsule intuitive 9. À la lecture du prénom Damien, j’ai une crise de larmes soudaine. Je ressentais que c’était en lien avec le texte « 15. Être mère » de Margi, que je portais la même culpabilité, mais pas concernant la même époque.
Le soir, ma bulle de perception m’a proposé de nouveaux signes qui m’ont guidé vers la compréhension.
Le karma que nous avions rejoué Anas et moi était des plus significatifs. Il y a quelques années, j’en avais assez de mon travail, je n’en pouvais plus. Je pleurais au boulot, je pleurais à la maison et je me sentais bloquée. Une souffrance continue qui m’éreintait. Pour me libérer, j’avais formé Anas, je lui avais tout appris pour qu’il passe le concours, soit recruté et endosse mon travail, pour qu’enfin, je puisse démissionner. Et c’est ce qui s’est passé !
En conscientisant la trame qui s’était rejouée, celle des Nungal avec les humains, de nouveau les pleurs m’ont envahi. Je vivais la culpabilité du Nungal qui se flagellait, car pour se libérer d’une tache qui l’exténuait, il avait causé la fabrication d’un être handicapé.
Je comprenais enfin pourquoi Anas manifestait parfois un comportement qui me faisait penser qu’il était débile ; pourquoi il portait comme premier prénom Mohammed, soit le prénom de mes oncles handicapés mentaux ; pourquoi je ressentais une forte culpabilité à chaque fois qu’il rentrait, exténué, après une journée de travail.
Ce n’est qu’après avoir compris le signe que m’avait apporté, quelques jours plutôt, un autre événement, que je pleurais les dernières larmes. Ce jour-là, un homme handicapé mental nous avait arrêté, Lylia et moi, pour me donner des clémentines. Ainsi, l’être handicapé incitait le Nungal à se montrer clément-in, soit clément envers lui-même.
Après tout, je crois que les âmes qui ont tenté l’expérience de ces corps humains handicapés étaient volontaires. Dans ce passage du tome 2 des chroniques de Girku, Nammu le rappelle quand Enki doute de son projet :
« Qui allait risquer de s’incarner dans ces corps prêts à travailler ? La réponse de Nammu me fit froid dans le dos : chacun est libre de s’incarner où il le souhaite, c’est le code commun des êtres dans notre univers. La peine et l’échec font partie intégrante des incarnations qui évoluent dans des parties de la galaxie où la dualité est omnipotente. Nous savons toi et moi qu’il est difficile de l’accepter... »
Un autre point essentiel : les Amasutum avaient glissé dans le génome humain, discrètement, le gène Kiristos, lui offrant ainsi la possibilité d’évoluer en conscience. Un événement que la naissance de Anas rappelait. Après l’accouchement, le patriarche de la famille (son grand-père) avait décidé que le nouveau-né serait appelé Mohammed et personne n’avait son mot à dire. Cependant, sa tante, chargée de son inscription dans le livret de famille, avait décidé, à la dernière minute, de lui ajouter secrètement un second prénom : Anas.
Ainsi, cet être programmé n’était pas condamné. Il avait la possibilité de s’émanciper de son handicap.
Je demandais au Soi d’autres indices pour confirmer ma lecture des signes, et c’est alors que je me rappelais l’erreur qui s’est faite dans notre livret de famille. Mon prénom a été mal écrit en arabe, ce qui m’oblige à le rectifier à chaque fois que j’en ai besoin. Résultat : je m’appelle Urshula, ce qui sonne comme Urshu-Ra. N’est-ce pas une des factions Nungal, les Shemsu et les Urshu ?
À part la culpabilité fulgurante que j’avais ressentie, je ne sentais pas la présence du Nungal, en tout cas, pas comme j’avais ressenti celle de la royale. Peut-être est-ce parce que c’est notre premier contact, ou alors ma lecture des signes est erronée.
En tout cas, dès que je conscientisais cette ultime étape, le directeur m’a appelé pour m’informer que la feuille de départ de cette ancienne voie était prête, que je devais passer la récupérer.
Le matin suivant, je récapitulais à Anas cette expérience, quand Lylia a sorti son jouet lézard, l’a plongé dans l’eau et nous a annoncé : je l’ai lavé ! Cette génétique royale, était-elle enfin libérée de la culpabilité ? Lavée de tout soupçon ?
Ainsi, nous avons récupéré le papier de départ. Cependant, au lieu de me sentir libre et légère, je me suis sentie mal. J’ai peu à peu éclairé ce qui me figeait. La veille, j’avais fait un rêve sur lequel je ne m’étais pas attardée :
« En compagnie de Lylia, je grille un feu rouge. Quand les policiers m’arrêtent, je crois que c’est à cause de cette infraction, mais non. C’est parce que je conduisais sans ceinture de sécurité. »
J’ai alors compris que ce qui m’angoissait n’était pas d’aller contre la loi, mais de lâcher la sécurité que représentent les normes sociales. Suite à cette décision, on se retrouvait sans certitude, sans avenir préétabli, plongés dans l’inconnu. Et derrière l’angoisse de cette part attachée au passé, je ressentais l’excitation du renouveau, d’un chemin non tracé, ouvert, vers celle que je tente de devenir.
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