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Parmi les expériences qui se présentent au quotidien, des situations se rejouent en boucle. Ma tête a beau analyser à chaque fois les choses et apporter une explication, ces émotions ne font que refluer pour ressurgir à nouveau, plus tard. Ces mémoires hors de portée, échappent à mes facultés mentales.
La guidance m’amène ainsi à remettre en cause ma manière de procéder qui me semble plafonnée. La tête, le mental, l’intellect, quel que soit le nom qu’on lui donne, se base sur la logique apprise, sur le savoir cumulé, qu’il soit vrai ou faux, et se retrouve limité dans son analyse et ses conclusions, au connu.
Pour découvrir une nouvelle manière de lire l’information, un être se présente à moi lors du rêve suivant :
« Je médite pour contacter une séquence précise de mon génome, une séquence que je partage avec un autre être. Dès que le lien est établi, un Abgal apparaît à mes côtés. Il m’informe que je dois descendre dans le corps.
Le rêve bascule vers une autre scène.
Je suis un gros poisson. Mes sœurs et moi, nous nous entraînons à nager le long d’un conduit dans lequel des obstacles apparaissent. Quand nous nous retrouvons face à une barrière, nous tournons le regard vers l’intérieur. Je précise que notre attention est continuellement portée sur l’intérieur, mais face à l’obstacle, nous regardons avec encore plus d’attention. Naturellement, la barrière disparaît et nous continuons notre chemin. Nous nous entraînons ainsi, car un jour, nous devrons nous extraire d’une matrice. »
Ces êtres poissons n’ont pas de mental tel que je le connais, avec toutes les pensées parasites, comme s’il était une entité indépendante. Ils ne pensent pas les choses, ils les ressentent. Ainsi, l’Abgal, à travers cette génétique en commun, me permet de contacter cette connaissance dont sont dotés ces êtres marins. Cette manière d’être radicalement à l’opposé de tout ce à quoi je suis habituée.
Vu que ma tête est très active, je prends d’abord le temps, beaucoup de temps, pour ressentir mon corps, pour l’habiter, et ne plus flotter autour de mon crâne. Je pratique l’Eiriu Eolas et découvre avec stupeur à quel point je respire mal. En plus, rester des heures à respirer et à ressentir a tendance à énerver ma tête qui part souvent en rêveries pour faire passer le temps.
Quant à la méditation de fin, au cours de laquelle Laura prononce une prière, certaines parties n’ont aucun impact sur moi. Je décide donc de réciter les mots qui me viennent naturellement. Je change également le destinataire de la prière, car esprit cosmique me rappelle trop la notion de dieu. Je destine donc mes mots au Soi intérieur, ce qui me pousse à me focaliser encore plus sur l’intérieur.
Un soir, alors que je suis en pleine pratique méditative, je ressens, pendant quelques secondes, que le Soi est en moi. Directement après, je tombe sur le texte suivant :
« À l’adolescence, chez les Cherokee, le père emmène son enfant dans la forêt, lui place un bandeau sur les yeux et le laisse seul. L’enfant a l’obligation de rester assis sur un tronc d’arbre toute la nuit, et ne doit pas retirer le bandeau jusqu’à ce que les premiers rayons du soleil brillent à nouveau.
Il ne peut demander l’aide de personne. Une fois qu’il aura survécu à cette nuit, il deviendra un homme. Il ne doit jamais communiquer avec les autres jeunes gens au sujet de cette expérience, car chacun d’eux doit entrer dans l’adolescence de la même manière.
L’enfant est naturellement terrorisé. Il entend toutes sortes de bruits ; imagine les bêtes sauvages ; les loups qui hurlent ; les rôdeurs qui l’épient. Il écoute le vent souffler dans les branches, mais il doit rester assis sur ce tronc, sans retirer son bandeau. Car ceci est pour lui la seule façon de devenir un homme.
Finalement, après cette longue nuit, apparaît le soleil, et il peut alors retirer son bandeau. C’est ainsi qu’il découvre son père, assis à côté de lui. Son père qui a veillé sur lui toute la nuit en silence, assis sur le même tronc, pour le protéger sans que l’enfant le sache. »
Je pleure à chaudes larmes dès que je comprends le message derrière. Le Soi a toujours été présent, mais l’expérience exigeait que l’illusion de la séparation soit créée. Maintenant que l’aube est là, il est temps de lever le bandeau et ressentir la connexion, la guidance du Soi en soi.
Petit à petit, je tente de dépasser mes premiers réflexes. Au lieu d’analyser mentalement les événements, les signes, pour trouver une explication et ainsi me libérer de la charge émotionnelle, j’essaye de procéder autrement. D’abord, j’ignore ma tête et ses arguments pour ressentir pleinement mon corps, regarder à l’intérieur et laisser venir.
Je ne sais pas encore comment se fait le déclic. Parfois, c’est immédiat. D’autres fois, cela prend des journées. Mais à un moment donné, comme par magie, l’évidence se dévoile et ce n’est jamais ce à quoi je m’attends. Elle se révèle avec fluidité, sans besoin de tourner et de retourner les choses, d’analyser en continu.
Ainsi, des situations qui revenaient en boucle, se sont résolues.
La peur de voir une monstruosité :
Je rencontre pour la première fois cet alter en rêve.
« La prise énergétique me sort de l’inconscience brumeuse du rêve. Je regarde les personnes qui m’entourent et je vois, grâce à un miroir interne, que ce ne sont pas des humains, mais des gris. Je sais que je suis en pleine abduction.
Je m’apprête à les quitter, quand l’une des personnes présentes me demande d’attendre qu’elle répare une anomalie que j’ai au cœur. La peur de tomber malade s’active, mais je me suis déjà fait avoir par cette manœuvre. Je pose donc la question suivante : êtes-vous SDS ou SDA ?
La personne me répond SDS et sait qu’elle a perdu sa prise.
Avant de quitter les lieux, je lui demande s’il y a quelqu’un d’autre qui fait des manipulations sur moi. Elle me répond : oui, cette monstruosité.
Je me retourne et me retrouve face à mon intérieur, ma maison. Je ne vois rien d’anormal à part un tas de couvertures. Le tas commence à bouger. Un bras émerge, puis une tête. J’ai tellement peur de voir une monstruosité que je m’arrache du rêve. »
À mon réveil, je ne comprends pas pourquoi j’ai fui. J’étais paniquée à l’idée de voir une monstruosité, mais celle qui est sortie de sous le tas de couvertures, même si je n’ai pas vu son visage, était une femme noire.
Je revis cette expérience dans un autre rêve. Encore une fois, je détecte la présence de cet alter en moi, mais je flippe trop pour oser regarder.
Ma tête part dans diverses suppositions : possession, dissociation, sorcellerie... etc, mais ne parvient pas à me faire dépasser cette terreur. Au bout du compte, je m’avoue vaincue, car je n’ai aucune idée de ce qui se passe.
C’est alors que le frigidaire est tombé en panne. Quand je le regarde, je vois mon reflet. L’air frais du congélateur ne parvient pas à descendre dans la partie réfrigérateur. Aucun gel n’est visible. J’ignore ma tête et sa logique cartésienne et je décide de réparer moi-même cet appareil, comme une projection extérieure de mon intérieur.
Je découvre que du gel s’est formé au niveau des parties inaccessibles du frigidaire. Ce qui me montre que je porte des cristallisations mémorielles inconscientes, qui sont hors de ma portée. Elles fondent au contact de l’eau tiède que je verse tout en restant présente dans mon corps, à respirer et à ressentir.
Le soir, je fais le rêve suivant :
« Je suis une petite boule flottante, je me tiens près d’une chaise et je regarde un petit miroir ovale. J’y vois le buste d’un homme bien habillé. Du gilet de son costume, je distingue la chaînette d’une montre ancienne. Tout le décor est ancien. L’homme tourne le siège pour montrer à quelqu’un son reflet.
Je ressens la peur de voir une monstruosité, mais je m’oblige à rester, à jeter un coup d’œil avant de partir. C’est alors qu’apparaît le reflet d’une petite fille noire avec une malformation à l’œil droit. »
Enfin, je comprends que la peur de voir une monstruosité n’est pas mienne. C’est l’émotion que ressent cette fillette vis-à-vis d’elle-même. Je pleure cette charge émotionnelle.
Je décide de lui parler, mais mes mots sonnent vides. Comment lui dire que le physique n’est pas important, alors que je suis la première à courir chez le dentiste pour qu’il fixe mon implant et m’évite de me montrer face aux autres avec un trou béant dans ma dentition ?
Je perds du temps à faire des recherches pour comprendre la psyché d’un enfant avec une malformation. Je tente de réparer les choses, à ma manière, comme je suis habituée à le faire, alors que personne ne demandait réparation.
Mon incapacité à tout cadrer met en échec le programme du sauveur. Je n’ai pas à réparer, à effacer la souffrance à coup de mots bien placés, mais bien de la ressentir et de l’accueillir sans jugement (ce n’est pas juste qu’une enfant vive ça !).
J’accepte que l’alter ait vécu cette expérience. Je le laisse percevoir comment je le vois : il n’est pas une monstruosité, juste une fillette avec une malformation.
L’esclave au service du colon blanc :
La colère qui m’habite n’est pas nouvelle. Je la ressens presque chaque fois que je dois faire le ménage alors que Anas est à la maison. Je lui en veux de ne pas aider et pourtant, je le chasse dès qu’il tente de s’occuper d’une tâche ménagère.
Ma tête essaye, comme d’habitude, de justifier cette émotion, mais cette fois, je sais qu’elle tourne en rond, que la vraie raison de cette colère lui échappe.
Je me concentre sur mon corps et regarde l’émotion, le poids qui m’empêche de respirer profondément. Je me pose cette question : qu’est-ce qui t’arrive ? Que je corrige immédiatement par : qu’est-ce qui nous arrive ? C’est alors que je ressens et je comprends instantanément, avec clarté.
Je pleure et je me rappelle un rêve dans lequel des femmes de ma lignée me parlent d’une mémoire que j’ai oubliée, celle concernant une femme noire et un homme blanc.
En même temps, je me remémore l’événement de la journée :
Nous louons une maison collée à une autre qui fait office d’église le dimanche. On montait dans la voiture, quand une femme noire qui venait pour la messe, m’a fait signe de la main. J’ai d’abord cru qu’elle saluait quelqu’un d’autre, mais il n’y avait personne à part nous.
À notre retour, à peine descendue de la voiture, j’ai porté tous les bagages. Anas voulait m’alléger, mais j’ai refusé. Vu que la messe était terminée, des étrangers blancs partaient et l’un d’eux nous a salués. Puis, il a commencé à poser des questions étranges à Anas : vous vivez ici ? Vous y vivez toute l’année ? Ah, vous travaillez ici ?
Je devinais que le Français a dû faire la même erreur que la majorité des Marocains qui prennent Anas pour un étranger. En plus, les réponses d’Anas m’ont surprise. Il était à l’aise avec la langue française alors que moi, je me sentais mal, incapable de parler correctement, avec tous les bagages, et en prime, j’avais envie que le Monsieur blanc me porte de l’attention, alors que clairement, j’étais un décor et rien de plus.
Pleinement investie par l’alter esclave, accablé par le travail, qui refuse que le seigneur de maison s’abaisse à faire des tâches ingrates, je pleure ses émotions. Je me rappelle également certaines remarques racistes chez Anas, qui prennent sens maintenant. Le colon blanc s’exprimait.
Après cette expérience, on finit de manger quand Anas me demande : alors je m’occupe de la vaisselle ? Je la lui laisse, car nous ne sommes pas nos alters, et il était temps que nous en prenions conscience.
Envie de disparaître :
Ce n’est pas la première fois que je me retrouve habitée par une profonde tristesse. Cet état dépressif revient chez moi de temps à autre et à chaque fois, mon mental le justifie : c’est parce que je suis femme au foyer ; c’est parce que je n’aime pas cette maison ; c’est parce que je n’ai pas de statut social... Cette fois-ci, je vois ma tête tenter désespérément de justifier mes émotions, mais je n’écoute plus les arguments qu’elle me fournit.
Quand Anas et Lylia me demandent pourquoi je pleure, je leur réponds que je suis triste, profondément triste et lasse, et que je ne sais pas pourquoi. Je ne tente pas d’éviter cette émotion, ni de l’expliquer, seulement de la ressentir.
Nous faisons un tour dehors et Anas choisit d’arrêter la voiture devant des arbres. Pleinement concentrée sur mon intérieur, je regarde cette végétation rarissime dans le désert, et je pleure. J’ai la sensation qu’on m’a coupé les ailes pour me forcer à vivre ça, je ressens même les moignons dans mon dos. Et là, j’ai juste envie de sortir du véhicule, de courir, de laisser derrière moi Anas, Lylia, ce corps, cette personnalité et de disparaître.
Saisissant enfin ce qui m’habite, je pleure à chaudes larmes. Cette part en a marre de tout ça, elle veut abandonner, quitter la partie et disparaître. Je la comprends si profondément que je crains que ce soit mon âme qui veuille délaisser ce corps.
Au bout d’un moment, l’émotion se calme. Je demande à cette part de patienter. Prendre la première sortie qui se présente ne nous ferait que replonger dans un nouveau cycle SDS. Il nous faut continuer d’avancer pour arriver à la bonne porte, celle qui peut-être nous offrira une autre manière d’exister.
Ce soir-là, je fais un nouveau rêve :
« Mon père, qui représente dans le rêve une figure d’autorité et de bienveillance envers moi (le Soi peut-être), demande à un ami de m’emmener avec lui.
Je pars sur un navire militaire qui comprend des soldats de différentes spécialités, dont des scientifiques, et je suis la seule invitée à bord. Sur le pont, de hauts murs s’élèvent et nous empêchent de voir les environs.
Nous arrivons à destination. Je saute pour hisser mon corps et voir par-dessus le mur, quand je passe presque de l’autre côté, tellement je suis légère. Je réajuste ma force pour rester à bord. Mais j’ai entraperçu, de loin, la nouvelle Terre.
L’ami de mon père me rejoint et me parle doucement. Il m’offre une chaussure verte transparente et me demande de voir ce qu’il y a dessus. Je la passe sous les rayons lumineux et je vois une femme-lion-poisson. Il me dit que c’est quelque chose que je dois chérir.
À cet instant, un matelot lui parle et là, cet ami change radicalement de comportement. Il le sermonne lui rappelant qu’il est de 4e grade et qu’il lui doit le respect. »
J’ignore si ce navire appartient à des êtres SDS, SDA, ou bien les deux. Il faut dire que dernièrement, je rencontre des entités qui font partie des gardiens de la matrice et pourtant, elles usent des occasions qui se présentent pour aider les apprentis SDA. La capsule 5 apporte une explication à ce comportement qui me paraissait, jusque-là, étrange, vu que je considérais les SDS comme 100 % SDS.
Je me dois de chérir cette génétique qui se crée, et ne pas abandonner maintenant. J’ai entraperçu la nouvelle Terre, j’ai même été surprise par la baisse de gravité, alors chaque fois que je sens que l’étau se ressert, je me rappelle que le dénouement est proche.
Il va mourir et ce sera ma faute !
Anas doit se rendre dans une autre ville. Il décide d’y aller seul en autocar. Au dernier moment, habitée par un mauvais pressentiment, je l’y conduis.
Deux mois plus tard, la même situation se présente. Il doit récupérer ses papiers. Cette fois-ci, d’une part, je n’ai aucune envie d’aller dans cette autre ville, d’autre part, nous risquons de payer une amende vu que nous ne sommes pas vaccinés.
Alors le soir, je le conduis à la station d’autocar, déjà embourbée par les émotions. En route, je ne comprends pas une situation et l’agent de circulation m’arrête. Avec le recul, je vois mon erreur. Le policier me dit de faire attention et me laisse partir.
Je m’excuse auprès de Anas. Il me répond : ce n’est pas ta faute.
Je le dépose et de retour chez nous, il m’appelle. Nous nous rendons compte qu’il y a un problème avec son mic. Sa phrase : vous ne m’entendez pas.
Je passe la soirée absente, incapable de focaliser mon attention ou de fermer l’œil. Les émotions me compriment le ventre. J’ignore ma tête qui cherche à justifier mon état, et je m’oblige à regarder à l’intérieur, juste regarder et respirer. Je me répète, en boucle, de faire confiance. Mon téléphone bip : la Léo news.
Je commence à lire le texte d’Eli et Frans « 7. Un cadavre dans le placard ». Les informations véhiculées déverrouillent le déluge émotionnel : j’ai peur, si peur, je suis paniquée, car je suis certaine que Anas va mourir. J’explose en larmes, emportée par les émotions de l’alter qui a perdu son compagnon.
Dès que le flot tarit, je replonge dans la lecture. Au bout de quelques paragraphes, une nouvelle clé libère une autre émotion : il allait mourir et ce sera ma faute ! Je pleure cette culpabilité, si intense qu’elle me plie en deux. L’alter se flagelle, se croit responsable de la mort de son compagnon.
Les signes se placent d’eux-mêmes et révèlent une autre information : tu ne m’entends pas, ce n’est pas ta faute. Je répète, encore et encore, les mots du compagnon à l’alter : ce n’est pas ta faute ! Plus les larmes libèrent la culpabilité, plus les mots parviennent à l’alter qui finit par les entendre.
Les émotions libérées, je respire et reprends ma lecture. Je finis par m’endormir sereine, sans la moindre inquiétude, juste la joie de faire partie de cette grande aventure.
Pour conclure, réfléchir alors qu’un alter se présente avec son bagage émotionnel, c’est réagir comme une surface qui renvoie au lieu de se laisser traverser. Réfléchir avant de ressentir, c’est résister.
L’Amasutum m’a informé, au tout début de ce voyage, de ne pas oublier le messager d’ici-bas, le corps. Je commence à comprendre, à éprouver que le corps n’est pas juste un moyen de locomotion, de manifestation dans cette réalité matérielle, mais bien un lecteur d’un immense champ d’informations.
Bien que ce soit difficile, et que cela nécessite de l’entraînement, ignorer la voix dans la tête, à défaut de la faire taire, pour prendre le temps de se connecter au corps, pleinement, consciemment, de ressentir d’abord, permet de se brancher sur ce champ illimité d’informations. La compréhension devient instantanée, limpide, et transcende les limitations mentales inhérentes à cette réalité de 3e densité.
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