Dernièrement, mes parents nous ont rendu visite, et encore une fois, je me suis retrouvée happée par l’hypnose familiale. Après avoir tout repassé au peigne fin, une énième blessure m’est revenue en tête, cette fois-ci, liée à l’estime de soi. Les émotions rattachées à ce souvenir ont resurgi et j’ai enfin compris certains de mes comportements.
Après quelques lectures, j’ai saisi que je n’ai pas appris à accepter les émotions négatives pour ce qu’elles sont : des informations. Et de ce fait, toutes les émotions que j’ai rejetées, que j’ai fuies, que j’ai enfermées parce que j’ignorais comment faire autrement, resurgissent maintenant avec force.
« Les émotions négatives (alarme, détresse, colère), à la différence des émotions positives, nécessitent en effet un dispositif interpersonnel de régulation… La régulation des émotions négatives est d’abord un phénomène interpersonnel et ne devient que secondairement intrapsychique, liée aussi aux compétences propre du sujet.
…
Les émotions négatives gardent donc la même valeur « sémiotique », c’est-à-dire de signal pour l’autre et sur soi que les autres émotions. Elles restent pertinentes puisque validées par la réponse de la figure d’attachement. Elles sont intégrées et ne sont pas perçues comme menaçantes pour l’enfant, car elles ont entraîné une réponse qui a apporté une solution. »
Les racines de l’estime de soi : apport de la théorie de l’attachement (Nicole Guédeney).
Mes parents, eux même n’ayant pas appris comment accepter les émotions négatives, mais seulement comment survivre avec elles, se retrouvaient souvent à exploser sous la charge de ces émotions. Quant à leurs enfants, on se retrouvait fréquemment à devoir gérer ces émotions seuls, si on ne se faisait pas réprimander ou punir pour les avoir manifestés.
L’enfant est-il accepté et valorisé parce qu’il est calme, contrôlé, toujours fort, ne demandant rien ? Lorsqu’il se montre dans le besoin, faible, pas sûr de lui, ces qualités éveillent-elles chez le parent de l’anxiété ou de la froideur ? Le risque est que les émotions à l’origine de ces attitudes, comportements ou symptômes ne pourront être intégrées par l’enfant et peuvent devenir source de honte. La honte est ainsi interprétée comme une réponse émotionnelle à l’émotion négative originale qui n’a pas été traitée de manière adéquate.
Les racines de l’estime de soi : apport de la théorie de l’attachement (Nicole Guédeney).
Mon rôle de parent à mon tour, me permet d’une part, de neutraliser la colère et la révolte que j’ai parfois envers mes parents, car souvent je tombe dans les mêmes réflexes face à Lylia, et d’autre part, cela m’offre l’opportunité de déconstruire ce qui a été bâti dans mon enfance.
L’échange avec Lylia me force à visiter chaque point « douloureux ». Lylia incarne Loula, l’enfant que j’étais, et prendre le temps de l’écouter dans la légitimité de ses émotions, de comprendre son point de vue et de lui expliquer lentement les choses, ou de corriger mon comportement, nous permet à toutes les deux d’accepter ces émotions prétendument négatives, de ne plus les diaboliser, les craindre, et de simplement leur rendre leur juste place d’informations émotionnelles.
Alors que je prenais conscience de ce réflexe de fuite que j’ai face aux émotions négatives, un changement s’est amorcé. Pour la première fois en rêve, au lieu de fuir le sanglier, je me suis arrêtée et j’ai partagé un fruit avec cet être, et lui, au lieu de me charger, est resté calme à mes côtés. Je comprends qu’à cause de la charge émotionnelle des sang-liés (alter) qui se présentent, je perpétue le même réflexe, la fuite. Ce qui me pousse souvent dans des expériences exténuantes, pour me forcer à plier. Cependant, accepter qu’une émotion négative a autant de légitimité qu’une positive, l’accueillir malgré la gêne qu’elle occasionne, lui permettre d’habiter ce corps, de transiter à travers lui, pour, si elle le nécessite, jaillir par les larmes, raccourcit l’expérience qui devient alors moins fatigante.
Ce passage du livre « L’art de rêver » de Carlos Castaneda aborde cet équilibre des forces :
- Ce n’est que dans les rêves ordinaires que les choses n’ont pas de sens, je dirais que c’est parce que les gens ordinaires subissent des assauts plus intenses de l’inconnu. Il y a beaucoup, beaucoup d’explorateurs dans vos rêves.
- Et pourquoi est-ce ainsi, don Juan ?
- À mon avis, ce qui se passe est un équilibre des forces. Les gens ordinaires ont de grandes barrières pour se prémunir contre ces agressions. Obstacles tels que les soucis quotidiens. Plus la barrière est forte, plus l’attaque est forte. D’un autre côté, les rêveurs ont moins de barrières et moins d’explorateurs dans leurs rêves…
Au-delà des rêves, cet équilibre des forces est présent dans la vie diurne. Un exemple concret : si j’écoute Lylia dans la manifestation de sa colère ou de sa tristesse, l’émotion passe rapidement. Mais si je l’ignore, ou si je trouve que ce qu’elle ressent est insensé, alors ça peut traîner des heures, et cela devient contagieux.
Bien sûr c’est facile à dire qu’à faire. Le vieux réflexe bien en place prend souvent le dessus, et c’est le rappel perpétuel de soi, des nouvelles informations, qui permet de le déjouer pour bâtir un nouveau réflexe, celui de l’accueil.
Quelque temps après, je me suis rendu compte que ma carte d’identité nationale a expiré. La guidance me montre qu’il est temps de me libérer de l’adhésion à l’identité Orsula.
Les deux premiers jours, j’ai appliqué cette idée de cesser de voir le monde à travers Orsula, et de simplement être. J’ai noté un réel changement. Les situations qui normalement faisaient péter un câble à Orsula étaient accueillies calmement, simplement parce que je ne regardais pas à travers elle.
Après, quelqu’un s’est manifesté. Ce jour-là, j’ai reçu une alerte google concernant mon compte qui porte mon nom et prénom, celui que j’utilisais avant. Comme quoi quelqu’un tentait de s’y connecter et donc google m’a demandé de changer de mot de passe, ce que j’ai fait. À noter que mon ancien mot de passe était « sorciere ». Un autre signe : Anas en s’habillant a trouvé des copeaux de bois dans sa chaussette, il s’est exprimé « tu me jettes des sorts ? ».
Alors que je tournais les évènements dans tous les sens pour comprendre le message derrière, je me suis retrouvée avec la nausée. Je laissais tomber et c’est Lylia qui a permis à l’entité de se manifester.
Lylia était en colère contre le chat, elle criait « mais il croit que c’est sa chambre ! ». Je n’ai vu le message que par la suite, quand elle est venue en pleurs vers moi et qu’elle m’a demandé « pourquoi tu as ouvert la porte ? ». J’ai saisi que cette entité « sorcière » avait l’habitude de passer à travers Orsula, mais depuis l’application des derniers jours, elle s’est retrouvée avec un compagnon, ce Léo (représenté par le petit félin ) qui clairement « il se croit être chez lui ! ».
L’application des jours qui ont suivi a perdu cette légèreté du début, ce n’était plus de la désidentification, mais bien un « Ferme-la, Orsula ! ». Je voulais à tout prix faire de la place à ce Léo que je tombais, sans m’en rendre compte, dans le contrôle et la rigidité. Et puisque j’étais persuadée d’avoir trouvé une pépite d’or, je partageais avec Anas et l’incitais à se dégager de l’emprise d’Anas. En excellent miroir, je voyais Anas comme un sourd qui refuse d’écouter la justesse de mes propos.
Dans cette même énergie, mon ancien compte devenait encombrant. Plein de messages, de photos, de documents, entassés depuis des années. La tâche d’effacer les mails un à un, m’était colossale, alors je décidais de le supprimer. Chose faite, google m’a envoyé un message sur mon téléphone qui ne voulait pas s’effacer « Action requise sur compte ». Le soir Anas m’a agacé, j’ai senti la colère monter et lorsqu’il m’a demandé ce qui se passait, c’est sorti tout seul « je veux te tuer ! ».
J’ai saisi, à cet instant précis, que le matin j’avais supprimé Orsula et maintenant je voulais tuer Anas. Ma colonne vertébrale a commencé à me faire mal. Encore une fois, c’était à moi d’accepter, de plier l’échine.
En larmes, je restituais le compte Orsula, parce que clairement, elle avait le droit d’exister. Je regardais tous ses mails, ses mémoires et cette tache herculéenne qui n’en finissait pas. À chaque fois que je me libère d’une mémoire, une nouvelle ressurgit, encore et encore, et ça ne semble pas avoir de fin.
Ceci me ramène à un rêve que j’avais fait, dans lequel j’étais avec les membres du réseau Léo : Jenaël nous dispose en cercles concentriques, dans le central : lui, Sand et Eli, je suis dans le second. Il nous dit qu’il est temps d’appeler l’onde. Rien ne vient. Jenaël nous demande (le second cercle) ce qui se passe. Je n’ose pas répondre, et c’est Yakout à ma gauche qui prononce ce que je pense : nous le second cercle, nous avons peur que l’onde vienne et que nous n’ayons pas effectué assez de travail pour passer.
Je comprends que cette peur me fait vouloir bâcler le travail en éliminant Orsula. Je comprends aussi que le juste milieu serait, dans ce cas, de ne pas m’identifier à l’histoire d’Orsula en exacerbant ses émotions, à les prendre trop à cœur, mais ne pas, non plus, la rejeter au risque de tomber dans le déni, à me créer une fausse identité prétendument spirituelle. Accepter Orsula pour ce qu’elle est : l’alter qui vit dans cette réalité-ci de la 3D, et comme tout alter qui se présente, ma mission est d’accueillir sa blessure, de ramener de la conscience dessus, de voir tous les mécanismes qui s’y rattachent, pour nous en libérer.
Dans le partage « 3. Histoires de Prédation et d’Alters. », cet être m’a montré que l’évolution est l’union des humains avec les sang-liés. Dans ce rêve, il me laissait (Orsula) m’exprimer en pensées et en émotions, il ne me bloquait pas. C’est juste qu’il ne regardait pas, ne ressentait pas, et ne pensait pas à travers moi ; Il n’agissait pas, non plus, conformément à mes désirs. Je faisais partie de lui, sans être lui.
Dans un récent rêve, je me suis retrouvée à attendre Sand, pour l’informer qu’une chose est mauvaise. Dès que j’ai tenté de parler, elle m’a ignoré avec ce commentaire « Je n’ai pas à me remplir la tête de jugements ». J’ai alors remarqué qu’au début du rêve, je trouvais cette chose bonne, et que maintenant, elle était mauvaise. Je commençais à respirer profondément pour me désidentifier. Et puisque j’étais en rêve, cette désidentification nous a scindé en deux, Orsula et moi. J’ai pris alors Orsula par les mains, je l’ai fait s’asseoir et je lui ai demandé de respirer profondément. C’est seulement à cet instant que Sand est revenue pour parler. L’échange, la réception de l’information n’est possible qu’après la désidentification.
La désidentification est définie en psychosociologie, comme une troisième voie, proposant une alternative à la binarité entre identification et contre-identification, et qui permet l’invention par le sujet d’identités hybrides, mouvantes (wikipédia).
De l’identification à Orsula, je passais à la contre-identification : le rejet d’Orsula. La troisième voie, celle de la désidentification se trouve entre les deux. Je ne suis pas Orsula, bien qu’Orsula fasse partie de moi.
Au cours de cette expérience, je dormais avec le livre de Lylia à mon chevet « Le lion, la sorcière blanche et l’armoire magique ». Je remarquais que la sorcière, qui est dans le contrôle, la rigidité et qui bloque ses émotions, tente de tuer le lion. Cependant, puisqu’elle n’a pas compris le réel sens du sacrifice (servir autrui), le lion qu’elle a tué transcende la mort.
L’interaction de ces deux parties SDS (sorcière) et SDA (lion) est devenue de plus en plus palpable. Et c’est facile de voir à travers la partie SDS (qui croit savoir ce qu’est le service d’autrui) en croyant voir et agir selon l’enseignement SDA. Heureusement, la guidance borde le chemin, et me prendre les murs me réajuste.
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Flo (dimanche, 17 janvier 2021 18:05)
Merci